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Maquettes...page 6

 

 

 

BOURANE - 1988

 

Energia ayant été lancé, tout le monde attendait la navette soviètique.

Là les choses commencèrent à se préciser avant le vol.

Je pouvais donc commencer à la fabriquer avant de la greffer sur

l’Energia que j’avais depuis récupéré.

 

En la réalisant, on voyait bien les différences et les similitudes.

Je pris le parti de la présenter soutes fermées, totalement statique, sur un socle miroir (pour la voir de dessous) avec un personnage à l’échelle (1/50ème).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La maquette terminée, mais pas encore avec toute ses décorations,

je pris quelques photos que j’amenais avec moi à Moscou, invité par

Tognini avec un groupe du CNES pour assister au départ du second

vol de Jean-Loup Chretien vers Mir.

 

 

Je pu la faire voir et dédicacer par Koubasov qui nous accorda un petit entrevue.................................................................

 

 

 

 

Comme je sentais avoir assez d’informations pour réaliser quelques chose d’assez précis (encore une fois avec les infos disponibles à l’époque), je tentais un coup, disons médiatique.

Un Salon des professionnels du spatial – TECHNOSPACE - devant se dérouler dans ma ville (Bordeaux) début décembre 88, je pris contact avec ses organisateurs pour leur proposer une sorte de deal : Pouvoir assister aux conférences en échange du prêt de la maquette de Bourane.

 

Seulement, quand j’ai négocié, j’en ai trop dit. Je leur annonçais que les russes ne viendraient pas à Technospace et ils allaient lancer leur première navette spatiale juste avant l’ouverture de Technospace. C’est tout juste si je ne suis pas fait sortir du bureau.

 

Seulement, quelques jours plus tard, on me rappela car les organisateurs venaient d’apprendre que les russes ne viendraient pas !

‘’Et c’est quoi cette histoire de navette ?’’.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Finalement, après plus de 200 heures de travail, j’installais ma maquette dans un coin du salon avec le logo de mon entreprise bien visible.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais à cause d’une bonne grippe, je ne pus assister aux conférences.C’est d’ailleurs du fond de mon lit que je fus contacté par la Cité des Sciences, qui avait vu ma maquette et qui me proposait de l’acquérir, début d’une belle collaboration.

 

Les retombées presses furent assez sympas.

Les revues spécialisées bien sur et SUD OUEST, le journal de Bordeaux, 17 ans après mon premier passage dans leurs colonnes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais l’article le plus amusant fut celui de DGA Magazine.

Cet article a une petite histoire.

Les rédacteurs de ce bulletin de la Délégation Générale à l’Armement

avaient eu la bonne idée de faire un article sur la navette Bourane peut

de temps après son décollage. Ils décidèrent d’aller à Moscou pour

‘’passer à la question’’ le n°2 de l’Académie des Sciences et visiblement

ont attaqué fort, en lui faisant remarquer que les formes avaient été

largement été copiées sur la navette américaine, et sans le dire, laissez

planer un soupçon d’espionite.

 

Un peu énervé, le responsable soviétique prend la parole et leur dit :

‘’Vous savez, ce que vous appelez l’espionite, ça marche dans les deux

sens. Je me suis rendu incognito en France, au salon Technospace, et

il y avait là-bas, une maquette de notre navette faite par un français.

La seule critique que je peux formuler sur cette maquette, c’est

le E d’Energia peint sur la maquette qui n’est pas parfait.

Donc vous voyez, l’espionite, ça marche dans les deux sens.’’

Aussitôt revenus en France, les rédacteurs ont pris contact avec

moi pour faire un papier dont le sous-titre résume bien ce que je faisais

depuis des années :

‘’Quand un petit français fabrique pour son plaisir une maquette de la navette Bourane plus vraie que nature. Passionné, artisan ou espion ?’’

 

C’est vrai que j’ai bien décrypté les quelques images TV mal coupées au montage permettant de voir en détail la configuration des moteurs de Bourane. Il faudra attendre plus de deux mois avant que la presse ne révèle ce scoop en photo, exactement ce que j’avais mis en place sur ma maquette !

 

 

 

L’été suivant, je me rendais au Salon du Bourget et sur le stand soviétique, je reconnu de loin un des colosses aux visages impassibles qui sont tout le temps présents sur le stand. Avec le nombre de Bourget auquel j'avais participé, j’avais la sensation de le reconnaitre.

Je l’abordais et tentais dans mon anglais d’exportation de lui expliquer que je venais de réaliser une maquette de Bourane et que je serais très heureux si je pouvais le charge de me faire dédicacer cette photo de ma maquette par le constructeur du lanceur et de la navette.

Je n’eu pas le temps de finir ma phrase, qu’il me répond dans un parfait français : ‘’ oui, je sais !’’.

Je lui remis la photo sans grand espoir et lui offrit une de mes empruntes d’Aldrin en remerciement.

 

J’avais presque oublié cette histoire quand je reçu un jour à Bordeaux, un recommandé de Moscou contenant

ma photo et une photocopie de celle-ci avec annotées, l’erreur du E d’Energia déjà signalé par le n°2 de

l’académie des sciences et celle de la trame inexistante sur le corps central du lanceur.

Le tout avec la signature de Youri SEMIONOV et Boris GUBANOV, le Chef de projet du lanceur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

20 ans plus tard, dans un couloir de la Cité de l’espace, nous nous retrouvèrent.

L’homme se souvenait très bien de cette petite histoire, me confiant qu’il avait vu dans la presse cette maquette et qu’il avait gardé son cadeau. L’Homme qui avait tenu sa promesse avait fait du chemin et était devenu le Directeur Délégué de Starsem : Victor Nikolaev.

 

Je ne me doutais pas que quelques années plus tard, il allait m’offrir Baïkonour encore à cause d’une maquette.

 

 

 

 

Finalement, plus d’une dizaine d’année plus tard, je pus récupérer les

restes de cette maquette à la Cité de Sciences, maquette dont il ne

subsiste que le corps central de Bourane.

 

Peut-être un petit travail pour la retraite ?

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