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Des Articles

 

 

Balades spatiales à Paris - suite et fin

FCS mag n°2 – Mai 2010

 

 

Dans le précédent numéro, nous avons découvert en prenant comme analogie la place la Concorde à Paris comme point d’alunissage, les différents déplacements des 3 premières missions Apollo et du premier véhicule automatique soviétique.

Nous allons maintenant découvrir le grand pas franchis avec les ‘’jeeps’’ des 3 dernières missions Apollo et du dernier Lunakhod pour terminer brièvement pas nos premières traces de 18 roues sur Mars.

C’est reparti !

 

Apollo 15

Avec Apollo 15, vous allez enfin pouvoir véritablement explorer votre site d’alunissage d’autant plus que vous allez pouvoir y passer trois jours.

1ère randonnée

Donc pour votre première sortie, pour commencer votre balade, munissez-vous d’un bon 4 x 4 avec les 4 roues directionnelles. Prenez votre matériel de prélèvement, fixez la caméra TV sur le Rover et n’oubliez pas comme Scott et Irwin de vous munir à l’intérieur de votre scaphandre de sucettes parfumées à l’abricot comme ‘’en cas’’. Avant de partir, vous constatez que la direction des roues avant est bloquée. Mais les roues arrière feront l’affaire et vous vous êtes entraîné à conduire ainsi.

Il est 16h 18 et vous allez vous diriger vers le jardin des Tuileries, passer le long de l’Orangerie et foncer tout droit à 8 km/h – voire 13 – vers le métro Mabillon.

De là, vous imaginez surplomber la Faille Hadley large comme les îles de la Cité et St Louis réunies.

Après avoir collecté quelques roches et pris plusieurs photos, vous repartez en longeant la faille. Cela vous mène au métro Saint Michel, puis vous longez Notre Dame, la Seine en prenant le Quai de la Tournelle pour vous arrêter à l’angle de la rue Daubigné et du boulevard Morland. Là vous pouvez observer le cratère Elbow qui surplombe la faille Hadley.

Il vous faut maintenant repartir vers les flancs de l’énorme cratère Saint George situé au-delà de la Gare d’Austerlitz. Vous atteignez votre objectif à 17h 20 quai de la Râpée entre le Pont d’Austerlitz et le pont Charles de Gaule.

Après 35 minutes d’exploration sur place, vous prenez la direction du retour car vous devez aller déployer les équipements scientifiques près du LM.

Votre parcours va vous faire passer au-dessus de la Gare de l’Arsenal, du métro Sully-Morland, des quais des Célestins et de l’Hôtel de Ville avant de bifurquer légèrement vers l’Ile de la Cité sur le Pont au Change et enfin trouver tout droit la place de la Concorde. Ouf !

Vous déployer l’Alsep et rentrez sagement dans le Module Lunaire après 6h 34 de travail.

2ème randonnée

Après une bonne nuit de sommeil, la journée commence par une bonne surprise. Les roues avant de votre 4 x 4 ont retrouvé mystérieusement leur faculté de tourner. Vous retournez terminer quelques carottages dans le sol que vous n’avez pu terminer la veille sur le site de déploiement de l’Alsep. Sonne l’heure de votre départ vers le cimetière du Père-Lachaise pour explorer les pieds des Apennins qui dominent le site. Après avoir emprunté la rue de Rivoli jusqu’au Palais Royal, vous visez la Bourse du Commerce pour ensuite prendre la rue de Turbigo jusqu’au métro Etienne-Marcel. De là, filez vers le métro Oberkampf, plus précisément l’angle de la rue de Cursol et le boulevard Voltaire. Là vous arrivez au cratère Dune que vous longez jusqu’à l’avenue de la République.

Après quelques minutes sur place, dirigez-vous vers le métro Père-Lachaiseen passant par le Square Gambetta. Au niveau du Cimetière Musulman vous êtes au plus loin du LM et vous êtes à pied d’œuvre pour explorer les pentes des Apenins. Comme Daves Scott, prenez-vous pour un chasse neige dans les 15 à 30 cm de poussière lunaire accumulée. Malgré votre altitude plus élevée par rapport au LM, il vous est impossible de le distinguer Place de la Concorde. N’oubliez pas que la Lune est plus petite que la Terre et que sur terrain plat, l’horizon n’est que de 4 km. Mais avec les variations de terrain de votre site, il n’est ici que de quelque centaine voire dizaine de mètres.

Il est temps de repartir en reprenant vos traces jusqu’à la rue Saint Amboise où vous visez le Cirque d’Hivers. Là, au bord du Cratère Dune, vous découvrez une roche qui semble jaillir du sol et vous arracher l’un des plus gros morceaux de roche ramenée de la Lune dont un échantillon va terminer à la Cité de l’espace de Toulouse.

Lancé à 13 km/h boulevard de Sébastopol, vous quittez vos traces pour passer par le Forum des Halles pour les retrouver à la Bourse du Commerce.

Arrivé près du LM place de la Concorde, il vous reste un peu de temps pour affiner la mise en place de l’Alsep et en forant le sol à plus de 2 m, vous vous offrez la première belle chute d’un astronaute en directe à la TV ; espionné en quelque sorte. La NASA se permettant au vue des images de vous lancer : « Quand vous aurez fini de vous dépoussiérer, nous avons encore du travail pour vous ! » Les joies du direct !

A la fin de cette magnifique sortie, vous installez enfin le drapeau et prenez une série de photos souvenir avant de réintégrer le LM.

3ème randonnée

Après les difficultés de la veille, Houston a allégé votre planning du jour. Votre objectif est d’aller explorer une nouvelle fois la Faille Hadley au niveau de la Place de Breteuil.

A pied d’œuvre vers 10 h, vous traversez la Seine avec votre Rover par le Pont de la Concorde et foncez tout droit vers le métro Varenne. Au niveau des Invalides, visez l’angle de la rue Oudinot et du boulevard des Invalides puis en prenant la rue Duroc allez vous stationner place de Breteuil. Depuis la place, vous vous aventurez même un peu plus loin que ce promontoire en descendant la pente, mais l’heure tourne et il vous faut revenir vers le LM.

Vers 13h 18 vous repassez une dernière fois à la station Alsep pour récupérer la troisième carotte effectuée la veille.

De retour au LM pour décharger votre collecte du jour, vous allez garer votre véhicule rue Royale afin qu’elle puisse filmer pour la première fois le décollage du LM depuis la Lune.

Avant de quitter le sol de la place de la Concorde, il vous reste à faire un peu de pédagogie en prouvant que Galilée avait raison. Il avait affirmé que sur un astre sans atmosphère, les objets tomberaient à la même vitesse. A cette fin, vous sortez de votre poche un plume de Faucon que vous lâchez en même temps que votre marteau de géologue. Et ces deux objets touchent le sol au même moment : CQFD.

Il est temps de quitter la Lune. La porte du LM est refermée sur une des plus belles missions scientifiques. Outre les 77 kg de roches lunaires et les films, vous ramenez 193 photos de la première sortie, 588 pour la 2eme et plus de 350 pour la dernière.

La NASA ayant décidé de commémorer votre mission en émettant un timbre représentant la Jeep Lunaire, vous avez eu la bonne idée de timbrer quelques enveloppes dans le LM qui seront à l’origine d’un trafic philatélique qui vous vaudra d’être exclu du corps des astronautes. ! Amer retour.

 

Apollo 16

C’est avec le même matériel que la mission précédente que vous allez devoir explorer une vallée située entre deux massifs.

Premier jour

Vous êtes enfin sur la Lune à 17h 56, vous constatez avec surprise que la poussière lunaire est beaucoup plus faible ici, un à deux cm pas plus, mais par contre, il y à des cailloux partout. Cette faible épaisseur va s‘avérer bénéfique est va faciliter vos déplacements  tant à pied qu’avec la Jeep lunaire.

L’antenne directionnelle du LM étant à nouveau bloquée, il vous faut rapidement déployer le Rover afin d’utiliser la sienne et de pouvoir rapidement envoyer des images à la Terre. La qualité des images est maintenant parfaite et Houston peut suivre en détail l’avancement de votre travail.

Vous déployez le traditionnel drapeau et vous vous livrez à la séance de photos souvenir. En bon pilote que vous êtes vous vous offrez une facétie en effectuant votre salut réglementaire en sautant par 2 fois à plus d’un mètre de haut.

La caméra scientifique qui va observer le ciel en ultraviolet depuis la Lune a déjà été mise en place par votre collègue quand vous commencez à déballer l’ALSEP avant de le transporter à une centaine de mètres de là sur les Quais des Tuileries face à l’Orangerie. Par inadvertance, vous vous prenez les pieds dans le câble qui relie les sondes thermiques que vous venez d’installer en profondeur et l’ALSEP En le sectionnant, comme il vous est impossible de le réparer avec vos gants vous rendez l’expérience inopérante.

Avec votre véhicule, vous prenez maintenant la direction du Boulevard Saint-Germain et du Quai Anatole France et vous prenez la rue de Bourgogne avant de foncer vers la rue Oudinot en passant à coté du Ministère de l’Agriculture. Arrivé à la caserne Babylone, vous découvrez le cratère Flag qui s’étend jusqu’à l’avenue de Breteuil. Là, à plus de 1.400 m du LM vous effectuez une collecte de roches et des photos panoramiques du site.

Vous retournez sur vos traces jusqu’au Ministère de l’Agriculture où vous stoppez la jeep sur le bord du cratère Spook dont l’autre bord touche le métro Solferino. Après ce second arrêt vous retournez sur la zone de l’Alsep.

Vous en rêviez depuis longtemps et le terrain peu accidenté du quai des Tuileries semblant propice, sous l’objectif de la caméra 16 mm de votre compagnon de vol, vous effectuez une sorte de Grand Prix en poussant le Rover dans ses retranchements, jusqu’à faire décoller les 4 roues du sol !

Y compris le Grand Prix, vous avez parcouru pendant cette première sortie 4,2 km et passé 7h 11 sur le sol « parisien ».

Deuxième jour

Le lendemain, c’est presque à la même heure que vous retrouvez le sol de la Lune. Objectif du jour : les contreforts de Stone Mountain : la montagne de pierre haute de près de 500 m.

Depuis la place de la Concorde, vous obliquez vers l’angle de la place Vendôme, vous passez devant le Palais Royal avant de filer sur un terrain en pente de 10° vers le métro Richard Lenoir avant d’arriver à destination avenue Parmentier juste à coté de la place Léon Blum. Vous êtes à 4 km de votre LM mais surtout à une altitude de 230 m au-dessus de ce dernier. Vous découvrez un superbe paysage qui s’étend jusqu’à Smoky Mountain avec le cratère North Ray à plus de 8 km dans le Bois de Boulogne qui sera votre destination de demain.

A partir de maintenant et jusqu’à votre retour au LM, vous collectez, archivez, perforez le sol et effectuez des mesures du champ magnétique lunaire.

En revenant sur vos traces, vous stoppez votre véhicule métro Richard Lenoir pour votre seconde étape géologique. Vous trouvez la troisième rue de Turenne près de Saint Denis du Saint Sacrement et vous repartez vers la 4ème étape proche du métro Sully-Morland, face à l’Ile Saint Louis.

Pendant ce trajet vous roulez à 13 km/h et perdez le garde boue ou plutôt le garde poussière arrière.

La dernière étape avant le LM est située rue de l’Hôtel de Ville face au Pont Louis Philippe.

Depuis ce point, vous rentrez tout droit vers la place de la Concorde en passant par la cour carrée du Louvre, la Pyramide et le Jardin des Tuileries. Un dernier détour vers l’Alsep et vous rentrez dans le LM avec 35 kg de roches, 11 km parcourus et 7h 23 passées dans Paris.

Dernier jour

L’objectif de votre troisième et dernier jour sur la Lune est le cratère North Ray au pied de Smoky Mountain que vous avez pu admirer la veille de votre promontoire. Il fait beau ! La température est de 67° c, 10° de plus que la veille car le Soleil monte.

Vous allez donc avec votre jeep, louvoyer à travers les cratères qui occupent 70 % de la surface. Les 30 autres étant remplis de roches. Vous commencez par remonter les Champs-Élysées et stoppez au niveau de l’avenue George V pour observer le cratère Palmetto dont la crête circulaire touche les places de Trocadéro, Victor Hugo et Charles De Gaule. Vers 17h 15 vous avez pénétré dans Palmetto, mais il vous faut reprendre la route.

Vous passez maintenant l’Arc de Triomphe, la Porte Maillot avant d’aborder le Bois de Boulogne par la route du Mahatma Gandhi. Vous surplombez maintenant le cratère North Ray encore plus grand que Palmetto, mais dont le fond, invisible du bord est situé à 180 m plus bas. La pente est de 60° et les rochers sont énormes à l’échelle du cratère. Plus de 30 m de long et hauts de 10 à 15 m !

Vous laissez North Ray et reprenez la route du Mahatma en explorant les pieds de Smoky Mountain. Ces des étapes sont si passionnantes que vous y passez plus d’une heure avant de reprendre vos traces pour rentrer vers le LM. Cela semble maintenant une tradition, vous repassez par le Quai des Tuileries pour vérifier une dernière fois l’Alsep avant votre retour dans le LM après 5h 40 dans Paris, un peu plus de 11 km parcourus.

Pendant ces trois jours et les 20h 14 de sorties parisiennes, vous avez collecté 96,5 kg de roches et parcourus à pied et en jeep plus de 27,1 km. Pas mal pour un vétéran.

 

Apollo 17

Après avoir hésité avec le grand Cirque COPERNIC, le site retenu pour cette dernière mission scientifique se situe aux pieds des montagnes du TAURUS à proximité des cratères LITTROW dans une vallée de 11 km dominée par deux massifs de 2.400 et 1.800 m d’altitude.

Vous savez que les hommes vont marquer une pose dans l’exploration lunaire, mais vous n’imaginez pas que prés de 40 ans plus tard, aucune date précise n’est programmée par les agences spatiales mondiales.

1ère EVA

3h 8 minutes après l’alunissage, vous êtes déjà sur le sol et avec votre compagnon vous vous empressez à déballer la jeep lunaire qui est prête en 30 minutes.

Dans la manœuvre, vous arrachez malencontreusement le garde-boue arrière avec votre marteau de géologue qui dépasse de votre poche.

Le drapeau est rapidement déployé et vous vous rendez à pied à 100 m du LM pour déployer la dernière station scientifique ALSEP.

Le travail de forage pour implanter les sondes thermiques dans le sol est difficile, vous vous fatiguez et la suite de la sortie va être réduite.

Vers 5h 50, vous empruntez la jeep pour rejoindre le cratère STENO situé au-delà de la gare Saint-Lazare.

Vous y installez un radio-éméteur qui vous permettra d’étudier, depuis le LM la propagation des ondes à travers le sol lunaire.

Votre retour avec la jeep sans garde-boue se fait dans une grande traînée de poussière. A 8h vous êtes de retour dans le LM avec quelques 13 kg de roches récoltées lors de vos 3,5 km de balade.

2ème EVA

Compte tenu de votre fatigue, Houston vous laisse dormir 3h de plus et c’est à 0h 35 que vous retrouvez le sol en vous exclamant « Pas un nuage dans le ciel, à l’exception de la Terre. »

La première tâche à effectuer concerne le garde-boue, car à la vue de votre expérience de la veille, impossible de parcourir des kilomètres ainsi.

Avec 4 cartes plastifiées et quelques pinces, le tour est joué.

Dès le départ, vous foncez à 11 km/h en traversant les Jardins des Tuileries, le Louvre avant de rejoindre la Seine au niveau du Pont Neuf. Vous continuez à longer la Seine jusqu’aux quais d’Austerlitz où avant le Pont de Bercy vous bifurquez vers la place Félix Faure, métro Daumesnil pour ensuite filer tout droit en direction du Parc Floral de Vincennes.

Pendant votre trajet, vous avez effectué deux haltes à l’Ile Saint-Louis et Quai d’Austerlitz.

Au plus loin de votre déplacement, vous inspectez à 2h 41 le cratère NANSEN sur le flanc du Massif Sud qui est implanté sur le Bois de Vincennes. Après une heure de travail sur place, vous repartez vers Paris en visant l’intersection des boulevards Picpus et de Neuilly. Depuis ce point, vous vous dirigez vers le cratère LARA qui occupe l’espace entre les boulevards Poniatowski et le périphérique au niveau de la porte de Charonton.

Puis au grès de votre programme et du parcours, vous vous arrêtez quai de Bercy et rue de Tolbiac.

Arrivé près de la place d’Italie, rue du Château d’eau, vous commencez à explorer les pentes du cratère SHORTY et vous découvrez avec une certaine fébrilité une zone où le sol est de couleur orangée qui s’avérera riche en oxyde de titane et de fer.

Cette découverte et les collectes vous ont fait prendre du retard et il est déjà 5h 53. Vous repartez vers le cratère CAMELOT proche du LM en passant par la rue Claude Bernard et la rue Soufflot.

Vous passez sur cette zone moins d’une demi-heure à récupérer des roches et de la poussière lunaire autour de CAMELOT qui occupe tout Saint Germain des Près.

Vous retrouvez vos traces de roues pour revenir vers le LM, que vous retrouvez vers 8h après 20 km de parcours.

3ème EVA

La sortie est quelque peu solennelle. C’est la dernière des 14 marches lunaires du programme Apollo et vous savez que vous allez être le dernier homme sur la Lune avant bien longtemps.

Vous retrouvez la poussière lunaire à 23h 34. Le soleil est monté dans le ciel depuis 2 jours et il fait chaud. Les roches sont tièdes voire chaudes au travers de vos gants.

C’est vers le Massif Nord au pied de la maison de Radio France, dans la direction inverse de celle de la veille, que vous allez vous diriger.

Après un arrêt rue Bosquet et place Charles Michels, vous arrivez quai André Citroën près du Pont de Grenelle au pied du Massif Nord qui culmine à 1.800 m à près de 3,6 km du LM.

L’étude du flanc de la montagne se poursuit de l’autre coté de la Seine en face de la maison de Radio France.

Les flancs du Massif Nord sont recouverts d’une épaisse poussière sombre rayée ça et là par les traces d’énormes roches qui ont dévalé la pente.

Vous prenez vers 1h 57 la direction du Bois de Boulogne pour 2 étapes les plus éloignée de cette sortie. Sur le site de l’Ile du Lac Inférieur du Bois de Boulogne, vous découvrez le site des  Collines Sculptées que vous explorez jusqu’à 3h 28.

L’itinéraire retour vous fait passer à coté du cratère COCHISE qui s’étend de la rue Victor Hugo jusqu’à la Seine en englobant le Trocadéro.

Les roches de cette zone sont jeunes et ravissent votre compagnon qui est le premier et seul géologue d’Apollo.

Vous prenez du retard et la dernière étape prévue au cratère SHERLOK à Franklin D. Roosevelt est supprimée. En 19 minutes, vous effectuez les 2 km qui vous séparent de la zone du déploiement de l’ALSEP.

Vers 6h 35, tout le matériel qui doit être ramené sur Terre est hissé dans le module lunaire et vous remontez à votre tour après 7h 15 de travail et 13,5 km de circuit.

En trois jours, vous avez parcouru un peu plus de 36 km sur la Lune et collecté près de 117 kg de roches lunaires.

 

Lunokhod 2

Les hommes d’Apollo 17 ont quitté la Lune il y à tout juste un mois, quand les Soviétiques décident d’envoyer un second véhicule automatique pour poursuivre leur étude de la Lune.

Luna 21 se pose donc un 16 janvier dans le cratère Le Monier. Il fait chaud, proche du « midi » lunaire avec un soleil à 64° d’inclinaison.

Dès la descente de Luna 21, 30 mètres sont parcourus et Lunokhod 2 effectue quelques manœuvres autour de sa plate forme d’alunissage. Lors de la séance du 19 janvier, il franchit 1.150 m en 6h et se trouve rue Jussieu le long de l’Université Paris VI et VII. Le 24, Le véhicule photographie pendant 63 minutes le lent coucher du Soleil sur la Lune où la température chute de 100°.

Après 5 jours terrestres, la température enregistrée au niveau des roues est de –123°c, alors qu’au bout de la tige du magnétomètre, elle affiche – 183°.

Le 8 février, nouvelle liaison et reprise de contact avec le véhicule. Après une étude magnétique de la zone le 9 février, 1.636 m sont parcourus le 11 pendant une séance de 18h où la « marmite » roule parfois à 500 m à l’heure !

Le 14, Lunokhod 2 est à 5 km de Luna 21 et à 2 km des contreforts du Mont du Taurus, 300 m plus haut que son point de départ. Le 19, la pente passe à 25° et l’altitude relative passe à 400 m. Il contourne un cratère de 2 km sur la pente du Mont et arrive au siège d’Arianespace à EVERY. Le 22, le Soleil se couche à nouveau sur le site et ne reviendra que le 9 mars. Lunokhod 2 est à 7.300 m en vol d’oiseau de Luna 17 après avoir déjà parcouru 11.067 m. Il est à noter qu’il a déjà parcouru en un mois la distance que Lunokhod 1 avait franchit en 10. Le 11 mars, sous le Soleil d’un nouveau jour lunaire Lunokhod repart. Le 14 mars, 2.800 m sont franchis, 2.216 le 15 et le 16 le record de distance est battu avec 3.130 m portant la distance totale à 17.680 m.

Une nouvelle nuit lunaire tombera sur le site du 24 mars au 7 avril qu’il passe à Gretz-Armainvilliers. A son réveil, Lunokhod poursuit sa route, bute sur un des bords d’une faille de 16 km de long qu’il contourne avant de la longer sur prés de 3 km.

Début mai, la sonde arrivée à coté de la forêt domaniale de Crécy  ne répond plus. Le bilan est particulièrement impressionnant : 80.000 images, des centaines d’analyses et 37 km parcourus. Record toutes catégories pulvérisé !

 

Objectif Mars !

Après la Lune, pour longtemps abandonnée, c’est la planète rouge qui va voir arriver ses premiers arpenteurs, en attendant bien sur que les hommes décident d’y aller.

Des robots, certes mais doté d’une certaine intelligence afin d’être capable d’agir seuls soit pour stopper en cas de danger vital pour le véhicule, soit de suivre l’itinéraire préprogrammé par la Terre établi grâces aux images et aux mesures prises au préalable par le robot. Car le pilotage à distance « en temps réel » comme pour les Lunokhod lunaires est ici impossible.

 

SOJOUNER

27 ans après Apollo 17 – une génération ! -, La première à ouvrir le bal est la sonde Pathfinder qui va venir déposer un tout petit robot gros comme une grosse boite à chaussures et doté de 6 roues. La vitesse est à l’image du véhicule et ne dépasse pas 24 mètres à l’heure ! A ce rythme, il ne faut pas vous attendre à découvrir les grandes plaines martiennes, mais par rapport à vos prédécesseurs immobiles, vous aller pourvoir déplacer vos instruments de mesures autour de votre point d’atterrissage.

Sur la place de la Concorde, pendant les 83 jours de vie de Sojourner, il effectuera plus de 230 manœuvres lui permettant de franchir une distance de 100 m autour de l’obélisque. A peine parviendra-t-il dans les 10 derniers jours martiens, à sortir de la grille qui protège le monument.

Le bilan est toutefois spectaculaire pour une première : En complément du travail de son atterrisseur, Sojourner a transmis plus de 550 images, 16 analyses chimiques de roche et de sols, mesuré la propriété physique du sol et exploré près de 250 m2 de surface martienne.

 

SPIRIT & OPPORTUNITY

En avril 2004, Opportunity et son jumeau Spirit oppérants chacun sur une face de la planete avaient remplis leur objectif primaire prévu pour trois mois. Personne ne pouvait imaginer que 72 mois plus tard, ils seraient encore là à ‘’nourrir’’ les scientifiques de leurs données et images scientifiques. Avec une ‘’patte folle’’ chacun, ils méritent maintenant leur retraite.

L’un sillonne la plaine Meridiani planum, dans l’hémisphère Nord, l’autre explorait le cratère Gusev, dans l’hémisphère Sud.

Les engins, montés sur six roues, équipés de sept instruments scientifiques et d’un bras télescopique, devaient initialement parcourir environ un kilomètre chacun. Fin 2009, Spirit a déjà roulé pendant près de 8 kilomètres – 7 730 m au sol 2110, et Opportunity, lui, en a franchi plus du double – 18 917 m au sol 2090.

Nous n’allons pas ici faire le bilan des découvertes martiennes des 2 Rovers qui nous ont apporté des données inédites sur la géologie martienne et ont confirmé ce que nous ne faisions que suspecter grâce aux missions spatiales, à savoir que Mars a bien abrité de l’eau liquide.

Mais suivant la démarche de cet article, nous nous bornerons à comparer leurs déplacements en partant de la place de la Concorde.

Spirit est aujourd’hui localisé sur Home Plate, place de la Bastille, au pied des collines Columbia, qu’il a commencé à escalader vers Beaubourg pour en redescendre rue des Minimes ! 

Opportunity pour sa part est à la cartoucherie et va atteindre le Lac des Minimes* situé dans le Bois de Vincennes. Son grand moment fut l’exploration du Lac Vitoria, prés de la Porte de Bagnolet.

*sans aucun rapport entre eux, pas plus que les Minimes de Toulouse où habite l’auteur !

 

Enfin, sans polémique, puisque l’Homme et le robot sont complémentaires et sont appelés à travailler ensemble, nous pouvons relever deux choses :

Constater que les deux fois 6 ans d’exploration automatiques des 2 Rovers ont à peine permis de réaliser ce qu’a fait l’équipage d’Apollo 16 avec une ‘’jeep’’ en trois jours.

L’autre comparaison plus hasardeuse serait de comparer un robot piloté en quasi direct – Lunokhod 2 et l’un des 2 martiens, Opportunity ; 37 km en 4 mois pour l’un et 19 km en 72 mois pour l’autre.

La raison de cette énorme différence, le pilotage intelligent qui nécessite d’être analysé, préprogrammé et transmis, mais surtout la présence du matériel scientifique embarqué considérablement plus sophistiqué permettant de promener sur Mars un véritable laboratoire d’analyse.

Ces voyages ont été motivés par la science, mais ils ont mené à quelque chose de tout aussi important. Il s'agit là de la première expédition par voie de terre sur une autre planète, de l'histoire de l'Humanité.

 

Voilà, le grand livre des balades parisiennes est sur le point de se refermer. Je sais que maintenant vous ne regarderez plus votre plan de Métro comme avant !

Si cela vous a plu, nous pouvons envisager dans quelques années de passer à la réalisation d’une grande chasse aux trésors dans Paris, en vue de retrouver les objets personnels déposés sur la Lune par les astronautes, comme la photo de Duke, l’emblème de Bean et autres déclencheur photo…

Ce sera notre Chouette d’or du FCS.

 

Copyright textes et images : Serge Gracieux alias, Tezio ou Soyouz 31 du Forum.

Image de fond Paris : Spot 5 - CNES Diffusion Spot Image.

Serge Gracieux

 

 

 

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