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Des Articles

 

Ayant presque terminé la maquette du module lunaire soviétique et ayant appris plein d’infos sur le programme, je proposais une grande saga sur les programmes lunaires de l’URSS dans le but non avoué de faire un article sur le module lunaire en utilisant ma maquette pour illustrer l’article. Mais il fallait reprendre tout au départ, à savoir le programme de survol habité L1.

 

 

Lune rouge 1- Des programmes secrets d'Etat !

Espace et Exploration n°03 – Mai/Juin 2011 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 1969, alors que Neil Armstrong foule le sol sélène, l’Union Soviétique affirme très officiellement ne pas avoir de programme lunaire habité afin de minimiser le succès américain.

Tout un pan de son histoire spatiale est alors condamné à l’oubli...

 

Encart : 

L’histoire au 1/24ème

Depuis janvier 2007, un maquettiste émérite, Vincent Meens, a entrepris la construction d’une des plus belles et des plus détaillées maquettes du module lunaire américain, celui d’Apollo 11.

Cette réalisation a poussé l’auteur de cette série d’articles, à se lancer à son tour dans la fabrication à la même échelle (1/24ème) de son équivalent soviétique, qui fut conçu avec l’espoir de coiffer au poteau les Américains dans la course à la Lune : le LK.

Depuis, leurs concepteurs ont réussi à faire ce que leurs véritables modèles n’ont jamais pu réaliser à ce jour : une rencontre Est-Ouest (voir la photo) !

C’est à l’aide de cette maquette que l’auteur nous dévoilera au fur et à mesure de cette série d’articles intitulés Lune rouge les quelques informations qu’il a pu collecter sur ce véhicule spatial et les programmes qui l’entourèrent, qui furent en leur temps un secret d’État.

La rédaction

 

 

Tenter de raconter l’histoire du module lunaire soviétique et de la fusée N1 oblige inévitablement à revenir sur l’ensemble des initiatives lunaires soviétiques. En effet, ce ne sont pas moins de trois programmes distincts qui furent mis en œuvre pour tenter de battre les Américains dans la course à la Lune.

 

L1, L2 et L3

Ces trois programmes étaient :

- Un programme de survol lunaire L1 par un équipage occupant un Soyouz débarrassé de son compartiment orbital, trop lourd pour le lanceur Proton ;

- Un programme de sonde automatiques L2 destiné à collecter et ramener sur Terre des échantillons lunaires et à déposer à la surface de la Lune des véhicules radio pilotés ;

- Un programme de débarquement lunaire L3 destiné à déposer un cosmonaute sur la Lune et le ramener sain et sauf sur Terre avec son compagnon. Là aussi, une autre version du Soyouz, le LOK devait être utilisée.

 

Mais comme nous le verrons plus loin, ces trois programmes lunaires ainsi que le programme Soyouz, furent intiment liés et nous tenterons de mieux comprendre leurs interactions.

Avec ce numéro, nous allons revenir sur les grandes lignes du programme L1 avant de décrire dans les deux prochains articles le déroulement en détail d’un vol habité L3, tel qu’il fut imaginé par les dirigeants du spatial Moscovite.

Nous évoquerons avec les deux articles suivants, comment furent envisagées les différentes étapes du développement des composants de ce programme L3 – fusée N1 et vaisseaux – ce qui nous permettra de mieux décrypter les 4 échecs des tirs d’essais du lanceur.

Enfin, à l’issue de cette série d’articles, destinés à revenir sur les programmes lunaires qui se préparaient en secret en URSS, Espace et Exploration vous dévoilera en détail ce module lunaire qui fut en son temps, le secret d’état le mieux gardé de l’ex URSS.

Dernier détail à connaitre pour aider à la compréhension de ces pages, les soviétiques ont l’habitude de nommer leurs étages propulsés en les désignant par le terme de Block. 

 

Le programme L1 – plus connu sous le nom de Zond

Nous n’allons pas ici revenir sur l’ensemble du développement du programme L1 mais juste rappeler que pour permettre à un équipage de 2 cosmonautes de survoler la Lune en la contournant puis de revenir sur Terre, le choix du lanceur Proton oblige les constructeurs à retirer le compartiment orbital du Soyouz et à l’arrière, lui adjoindre un bloc moteur : le Block D. Nouveau vaisseau, nouveau nom – Soyouz devient Zond. Ce Block D assure le départ vers la Lune et les premières corrections de trajectoires. 

 

Planification par décret

En 1967, un décret fixe les grandes dates du développement du programme L1. La mise au point du Block D doit intervenir en mars 1967. Le premier survol de la Lune sans équipage (vol 4L) pour mai, suivi d’un second (5L) en juin 67. Le vol suivant (6L) doit être le premier survol habité, est envisagé pour juin / juillet 1967. Les mois suivants doivent permettre chacun deux survols ; 7L et 8L en aout, 9L et 10L en septembre et 11L et 12L en octobre 1967. Une mission 13L est planifiée en réserve.

Pour les soviétiques, 1967 doit permettre de mettre au point le système et permettre à 14 cosmonautes de survoler la Lune ! L’optimisme règne à l’Est.

 

Mi septembre, Zond 5 prend à son tour la route de la Lune qu’il survole 4 jours plus tard à un peu moins de 2 000 km. Des mouches, des vers, des tortues et même un mannequin (capteur scientifique) sont du voyage. L’observatoire de Jordrell Bank (Angleterre) capte avec surprise des voix en provenance de Zond 5 (en fait des enregistrements pour tester les liaisons radio). Malgré quelques problèmes et un freinage à 20 G, Zond 5 amerrit le 21 dans l’Océan Indien. Zond 6 fait de même en novembre, se pose en URSS mais subit une dépressurisation de l’habitacle.

 

Défaillances en série

Durant l’année 1967, mis a part une mise en orbite terrestre du vaisseau L1 en mars (Cosmos 146), la défaillance du lanceur Proton entraine la destruction successive de 3 vaisseaux L1. L’année suivante, en mars, Zond 4 s’éloigne jusqu’à 330 000 km et une nouvelle défaillance de la Proton en avril empêche le déroulement d’une nouvelle mission. 

 

Ces apparents succès masquent encore quelques problèmes mais inquiètent suffisamment la NASA qui bouleverse ses plans l’été 1968 et expédie Apollo 8 tourner autour de la Lune pour Noël. Leurs renseignements sont fondés. Zond 7 est sur le pas de tir début décembre, les équipages principaux et de réserve sont à Baïkonour. La fiabilité du système n’a pas encore fait ses preuves, le vol est annulé.

Les américains ont orbité 10 fois autour de la Lune, le programme L1 n’a plus raison d’être !

Toutefois en 1969, la Proton tente sans succès d’envoyer un vaisseau L1-Zond en janvier et enfin Zond 7, sans équipage, réussi une mission parfaite en aout 1969, moins d’un mois après Apollo 11. Le programme se termine avec Zond 8 qui signe un nouveau demi-succès en octobre 1970 (rentrée balistique – 20 G !). 

 

Un ultime vaisseau L1, sous le nom anonyme de Cosmos 382, permet de tester le Block D en orbite terrestre en décembre 1970 au moment où le programme est officiellement arrêté. Les soviétiques sont déjà mobilisés sur le débarquement lunaire habité.

Il est important de noter que seul Zond 7 aurait pu ramener sain et sauf son équipage sur Terre.

Mais restons positif ! Les soviétiques maitrisent maintenant le retour de la Lune à la seconde vitesse cosmique et ils vont en avoir besoin pour ramener leurs cosmonautes lunaires. Seuls subsistent de ce programme de trop rares photos de la Lune et de lever de Terre, quelques tortues voyageuses, des dialogues en russe sur la route Terre - Lune et quelques capsules exposées dans plusieurs Musées.  

 

Petit lexique à l’usage de la cosmonautique

L1 : Programme soviétique de survol de la Lune par un équipage de deux cosmonautes. Lanceur associé : Proton.

L2 : Programme de sondes lunaires automatiques – véhicules télécommandés et collecte d’échantillons. Lanceur associé : Proton.

L3 : Programme de débarquement lunaire habité destiné à déposer un cosmonaute sur la Lune et de le faire revenir sur Terre accompagné d’un équipier. Lanceur associé : N1

N1 : Lanceur lourd soviétique destiné aux programmes habités lunaires, martiens et aux stations orbitales. Destiné à répondre au programme américain Satun 5, sa mise au point se solda par un échec et son développement fut caché pendant plus de deux décennies.  

Block : désignation russe pour l’étage d’un lanceur.

Blok D : utilisé dans les 3 programmes lunaires : étage supérieur de la fusée Proton (pour L1 et L2) et destiné à assurer le freinage du module lunaire (programme L3).

Zond : Nom du vaisseau habitable pour le survol lunaire par 2 cosmonautes (L1). (Les 3 premiers Zond furent des sondes planétaires sans lien avec les vols habités)

 

Comme d'habitude, le petit dessin de rigueur fut le profil de vol des missions L1.

 

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