Tezio Corteze
Инженер мечты
Objets souvenirs .... suite 11
Grain de Lune – Part du rêve et réalité
A l’occasion d’échanges entre collectionneurs, je me retrouve début 2015 avec un objet en acrylique de belle facture, réalisé par un passionné comme moi, qui contient un ‘’grain’’ d’une taille inférieure au mm, certifié provenir du sol lunaire et récolté par la sonde Luna 16 !
Bon, je vous entends déjà : Ca y est, il est devenu fou. Et en plus il veut nous faire croire qu’il a un morceau de Lune chez lui !
Effectivement, comme vous, je suis bien évidement septique et au lieu de faire le malin, je vais tenter de mener l’enquête et quelque soit le résultat, il figurera ici.
Luna 16
Pour répondre au programme Apollo et après les échecs des deux programmes lunaires habités, de survol et d’alunissage, les sondes soviétiques LUNA 16, 20 et 24 ont ramené sur Terre quelques grammes de sol lunaire.
Luna 16 : 101 grammes (1970). Luna 20 : 55 grammes (1972). Luna 24 : 170 grammes (1976).
Ces échantillons ont été confiés aux chercheurs de différents pays autres que l’URSS comme cela fut fait avec les roches collectées par les astronautes américains.
La Lune à vendre
3 grains de Mme Korolev
La première fois que j’ai eu vent de vente de quelques grammes de poussière lunaire fut en 1993. C’est la célèbre société de vente aux enchères Sotheby qui réalisa une grande vente sur une thématique spatiale de l’ex URSS suite à l’effondrement de l’UNION. Dans le catalogue que je me suis procuré depuis, l’objet n°68 présenté sur deux pages et composé d’un socle métallique, moitié plaque de signalétique et en partie haute une structure métallique encadrant deux plaques de verre enserrant trois grains. Une loupe escamotable avec bouchon où figure la tour du Kremlin complète le dispositif. Les trois échantillons – deux gros avec au centre un petit – sont censés provenir de la mission Luna 16.
L’objet mis à la vente est présenté comme ayant été offert à Mme Korolev en signe de respect de la contribution de son mari Sergeï, au programme spatial soviétique. Il est bien précisé que c’est la première fois que le sol d’un astre corps céleste est mis à la vente publique.
Le prix de vente fut de 420 000 $.
Le nom de l’acquéreur n’est pas connu.
Complément sur les grains de Mme Korolev.
Début 2014, sur le site Roscosmos, un film d’une demi-minute est diffusé.
Le thème tourne autour d’enfant passionnés d’espace qui visitent plusieurs
lieux ‘’spatiaux’’ de Russie et vers la fin du film, ces jeunes rencontrent
la fille de S. Korolev qui leur présente deux grains de sol lunaires sous
une forme inédite qui ne correspond pas au premier dispositif évoqué
précédemment.
La plaque située sous le dispositif indique bien LUNA16.
Les 3 grains mongols
Quelques années plus tard – années 2000 – je trouvais trace d’un dispositif de même nature – socle, signalétique, loupe et échantillons sous verre. L’histoire cette fois était plus complexe.
Il s’agissait d’un présent offert en 1976 (6 ans après la collecte de Luna 16) au leader mongol Yumzhagiyn Tsedenbal lors de la visite d’une usine spatiale en URSS qu’il effectua avec Leonid Brejnev.
En 1984, il s’échappe à Moscou avec sa famille, poursuivi par les nouveaux dirigeants mongols. Dans sa fuite, il emporta des pièces de valeur, dont ce conteneur d’échantillons de Luna 16. Après la mort de Tsedenbal en avril 1991, son épouse Anastasia I. Filatova, n’ayant qu’une petite pension, fut contrainte de vendre le conteneur en 1993 à un collectionneur au nom de Gennady Ermolov.
En 1998, ayant des difficultés financière suite à l’effondrement du rouble russe, Gennady Ermolov a été contraint de revendre le conteneur d’échantillon à un collectionneur dont le nom devait rester secret.
Les photos font voir que les échantillons sont au nombre de trois. Un plus gros (4,5 mm) et deux petits (1,2mm et 1mm).
Le conteneur du sol de la lune est livré avec deux certificats délivrés par deux organisations différentes à Moscou, qui ont participé aux recherches sur les échantillons :
- L'Institut de Géochimie et de Chimie Analytique (signé par le Dr A.Ivanov);
- L'Institut de géologie des dépôts minéraux, de pétrographie, minéralogie et Géochimie (signé par le professeur Dr E.Sharkov).
Les deux certificats confirment que les échantillons de sol de la lune sont authentiques. Le second certificat est rédigé en anglais et en russe.
Plus curieux. L’article se terminait par un rappel de la vente de 1993 chez Sothby, mais évoquait cette fois une propriété donnée à Michine, le successeur de Korolev !
Mon échantillon ?
Ce sont les deux ou trois seules informations sur les échantillons lunaires de Luna 16. Rien sur les deux autres récoltes automatiques, Luna 20 e 24.
Comme je l’ai dit en début de page, c’est à l’occasion d’échanges avec un collectionneur que je me retrouvé avec un objet en acrylique de belle facture, réalisé par un passionné comme moi, qui contient un ‘’grain’’ d’une taille inférieure au mm certifiée provenir du sol lunaire et récolté par la sonde Luna 16.
L’objet est associé à un certificat d’authenticité de Florien Noller (Spaceflori.com) Allemagne, qui précise que le grain provient d’un dénommé Norbert Classen, expert et collectionneur de météorite lunaire et martien en Allemagne.
Quel est le lien entre Norbert Classen et l’acquéreur des 3 grains de Mme Korolev ou de ceux de Gennady Ermolov ?
Quel peut être le lien entre ce grain et les deux pistes précédentes de 1993 et 1998 ?
Mais faut-il briser le rêve ?
Un cadeau inattendu
2016 - Lors d’une publication sur Facebook, mon copain Jacques Tiziou découvre que je fais collection de sable.
Et hop, comme c’est mon anniversaire, Jacques me promet quelques poussières sableuses collector.
Et effectivement, moins d’une semaine plus tard,
l’enveloppe postée de Washington le jour de mon
anniv. arrive et à l’intérieur plusieurs surprises :
Un morceau des plaques d’isolant du 1er étage de la première Diamant B tirée du CSG, le 10 mars 1970,
De la terre du pad n°19 de Cap Canaveral,
d’où sont parties les missions Gemini, pad
maintenant désaffecté,
Un petit morceau de MLI du LM-12, d’Apollo 17, offert par Eugene Cernan à Jacques.
Mais celui dont Jacques m’avait parlé est le plus sympa !
Kennedy Space Center - 1er avril 1974
Quelques minutes avant que les officiels ne viennent officiellement
donner les premiers coups de pioches pour ce qui allait devenir la
piste de la navette spatiale, Jacques et une collègue décident de
faire leur propre cérémonie et font leur propre trou. Il y a 42 ans !
La KSC SLC - Shuttle Landing Facility
Au total, les navettes se poseront à 78 reprises sur cette piste.
Dans le lot, quelques badges maison typiques de Jacques, liés aux différents évènements qu’il a organisé ou participé. J’aime bien celui où les surnoms des membres de STS 84 entourent les noms officiels de l’équipage.
Grand merci mon Jacques