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Une Passion - La jeunesse

 

Décrocher la Lune !

 

A force d’en parler, la mission Apollo 11 arriva assez vite, à la suite d’une salve de missions qui s’enchainaient finalement très rapidement.

Apollo 8 autour de la Lune pour le Noël 68. Avec cette super bonne idée d’avoir tourné la caméra noir et blanc vers la Terre, permettant pendant le voyage Terre-Lune, aux téléspectateurs de se voir en direct et de prendre conscience que nous étions tous dans un frêle vaisseau spatial. Si l’on ne retenait que ça du programme Apollo, ce serait déjà bien !

Il y eut ensuite les essais des véhicules en orbite terrestre avec Apollo 9 trois mois plus tard. Apollo 10, qui fait de même, mais cette fois autour de la Lune en mai 69.

La presse est à fond sur l’évènement. Il n’y a pas un journal, une revue, un livre, pas une radio ou une télé qui ne traite pas le sujet de l’arrivée imminente de l’Homme sur la Lune. Un régal pour un passionné. Un peu coûteux certes, car avec ma manie de tout acheter, cela devient compliqué.

Si on ne l’a pas vécu, on ne peut prendre conscience de cette mobilisation. Au pic de l’évènement, les journaux couvraient le sujet sur plus de 20 pages. France Soir ira jusqu’à écrire le nom LUNE sur toute la hauteur de la couverture. Apollo 11 décolle.

 

Cette fois, c’est la bonne. Mon installation dans le salon chez ma sœur est prête. L’appareil photo est sur le trépied, face à la TV pour faire quelques photos, l’enregistreur à cassettes près de la TV et de la radio callée sur Europe 1. Et mes maquettes sont sur la table basse (voir là). Je ne me souviens même pas du repas car l’alunissage vers 21h est vraiment fort, d’autant qu’il n’y a pas d’images retransmises.   Des amis nous rejoignent pour la sortie sur la Lune qui se fait durement attendre.

Vers 4h moins 20 du matin, le pied d’Armstrong apparait – du moins une ombre blanchâtre sur un fond gris clair ! Sachant où est la caméra sur le LM, j’explique les raisons de l’inclinaison, de l’inversion de l’image et je décrypte tout haut pour le plaisir de tous.

 

Les 2h20 de la marche lunaire me semble passer rapidement et  mon père décide qu’il est temps de rentrer nous coucher chez nous à 5 km de là. Arrivé chez moi, excité comme une puce, je rallume aussitôt la télé, car Michel Anfrol a précisé en fin du direct que pour ceux qui n’ont pu veiller, la première chaine rediffuse dans son intégralité la marche lunaire. Et je me recolle une seconde marche lunaire avec Buzz et Neil. Lors de cette seconde diffusion, le Soleil est déjà levé mais à côté de ma TV il y a une fenêtre. Je ne sais ce qui me pousse à décrocher des images, mais je me penche et vois la Lune au-dessus de nous. Là même où Neil et Buzz dorment et où s’écrase Luna 15 dans la mer des Crises! Difficile à croire, mais du haut de mes 15 ans, je prends conscience de cette formidable étape franchie par l’Homme. On a marché sur la Lune.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce fut ma première nuit blanche et je crois que ce fut de même pour la première chaine. Car à l’époque, les 3 pauvres chaines que nous avions s’éteignaient autour de minuit pour se réveiller tard le matin.

Bien évidemment, j’achète tous les journaux que je peux trouver, voir quelques éditions étrangères. Mon stock devient confortable et quelques mois plus tard, habitant chez ma sœur, je les stocke dans la pièce où je fabrique mes maquettes. La même salle où l’employée du bistrot de ma sœur, fait sécher le linge de service. Le malheur, c’est que nous avions pas mal de turn-over et un jour en rentrant, sous le linge qui sèche, pour ne pas ‘’abimer’’ le plancher plus qu’usé, l’une d’elle avait déployé ma collection de journaux d’Apollo 11 – ‘’Ben quoi, des vieux journaux !’’  J’ai mis deux décennies à en retrouver qu’une partie.

 

 

 

Cosmos Club de France

 

Dans le journal, j’appris qu’une conférence allait être donnée à Bordeaux sur la mission Apollo 11 et qu’une Pierre de Lune de la Mer de la Tranquillité serait présentée.

Ce fut un beau cadeau de ma sœur de m’amener voir cette conférence et mon premier contact avec Albert Ducrocq que j’avais déjà plaisir à écouter à la radio et lire sur Air et Cosmos.

C’est ce soir la que je devenais membre du Cosmos Club de France qui m’apporta tant de plaisirs…et de frustrations.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plaisirs de recevoir les bulletins rédigés par des passionnés comme moi, avec des noms prestigieux pour certains et surtout les analyses de Ducrocq et les dossiers complets passionnants. Plaisirs, à de rares occasions, de monter à Paris pour assister à des réunions extraordinaires ou des rencontres fantastiques comme ce repas avec l’un des passagers de Skylab avec une pause entre le fromage et le dessert pour sortir voir passer Skylab en attente d’une navette. Quel moment !

 

Frustrations de ne pas avoir assez de temps et d’habiter en province pour ne pas avoir pu m’impliquer un peu plus dans la vie du club et peut-être quelques moments ratés par une mauvaise appréciation de mon intérêt envers le Club par Ducrocq lui-même. C’est dommage, car j’admirais cet homme et je n’ai jamais pu plaider ma cause.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans les années 80, le Club renait un peu de ses cendres, à nouveau sous l’impulsion de

Ducrocq qui lance pour les jeunes un concours de projets d’expériences qui seront à bord

du 1er Spacelab. Ces jeunes, chapeautés par les anciens comme Lardier, deviendront les

nouveaux acteurs du Club. Je me rapproche de cette nouvelle équipe et participe un peu plus aux activités.

 

L’un de mes bons souvenirs, notre rencontre chez Philippe Coué où Ducrocq était attendu pour nous parler des 20 ans d’Apollo 11. Il évoqua ce sujet pendant 1mn avant de passer le reste du temps à raconter la saga des robots lunaires soviétiques ! Un régal.

 

Mais surtout, il en reste des piles de documents et surtout les copains. Christian Lardier, Philippe Coué, Pascal Lee, Claude Wachtel, Vincent Meens, Sylvain Raimbeau et bien d’autres…

 

 

 

La Brouette

 

Mon père décéda en début d’année 1970 et sans faire de la psychologie ‘’à deux balles’’, l’espace fut certainement ma bouée de sauvetage.

Début 1971, afin de remercier Jean-Pierre Chapel des documents de vol d’Apollo 14 qu’il m’avait fait parvenir, je lui réalisais une maquette de la brouette lunaire qu’allait utiliser l’équipage sur la Lune avec des « bouts de ficelle ».

Quelle ne fut pas ma surprise, la semaine précédent le vol de lire un encart dans Télé7 jours, où le maquettiste de l’ORTF – Louis Dumont – expliquait qu’un téléspectateur avait réalisé la maquette de la brouette lunaire qui allait être utilisé par Jean-Pierre Chapel pour commenter la mission.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ma sœur me fit la surprise de m’offrir un voyage à Cap Kennedy pour assister au lancement d’Apollo 14. Chapel me proposa de « décrocher ‘’du groupe’’ et de passer quelques jours avec lui et Jacques Tiziou à visiter le Cap avant de réintégrer le groupe pour rentrer en France.

Le CNES, qui avait réservé 60% des places du charter se désista 72 heures avant le départ.

Je ne vis jamais de lancement de Saturn 5. 

A défaut de lancement, le direct sur la Lune fut ma première petite heure de gloire. (Voir là)

 

 

 

Congrès Espace et Civilisation -  Lyon 1977

 

Ma période sous les drapeaux se déroula dans de bonnes conditions.

Marié, sursitaire, je fus affecté à Mérignac prés de bordeaux au CIFAS – Centre d’Instruction des Forces Aériennes Stratégiques.

Et compte tenue de mes études d’architecture, je suis affecté au bureau dessin qui entre autres, transformait les plans de vol en tracés sur les cartes des pilotes et navigateurs des Mirages IV. J’ai la chance de pouvoir assister aux séances de reconnaissances de silhouettes d’avions et par 2 fois je leur fait deux conférences sur l’état du spatial aux sous officiers. Je retrouverais certains d’entre eux, plus tard passés des images de reconnaissances aériennes aux images spatiales d’Hélios.

 

J’arrive à convaincre mes supérieurs de l’intérêt du congrès qu’allait organiser à Lyon Albert Ducrocq et mes amis du Cosmos Club de France et un ordre de mission me permet de m’y rendre.

Bien évidement, excellent congrès avec des intervenants de renon à en faire rêver n’importe quel passionné.

Mon premier contact avec Jim Lovell se déroula naturellement, jusqu’au moment où je tentais de lui dire dans mon ‘’anglais d’exportation’’, à quel point j’étais heureux de le rencontrer  et mon admiration, quand il me mit sa main sur l’épaule – il est très grand – et me dit : ‘’I preferred in french, please !’’. J’ai compris ce jour que j’avais des progrès à dans ce domaine.

 

 

Etaient présents au Congrès : Anders, Aldrin,

Carr, Cooper, Cunningham, Djanibekov,

Duke, Eisele, Gordon, Irwin, Lovell,

Makarov, Mitchell, Pogue, Roosa,

Schirra, Scott, Shepard et Worden.

 

 

 

 

 

 

 

La grande soirée de rencontre avec les astronautes de Lyon le 9 juin 1978.

De gauche à droite : Vladimir Djanibekov, Gordon Cooper, Charles Duke, William Pogue, Jerry Carr, Alan Shepard, Stuart Roosa, Oleg Makarov, Bill Anders et Jim Lovell. Debout Albert Ducrocq Photo ESPACE & civilisation - Charles Frankel

 

Ma seconde anecdote sur ce congrès fut mon entretient privé avec les cosmonautes de Soyouz 29 - Vladimir Dzhanibekov et Oleg Makarov, qui rentraient de Saliout 6. Où ils me racontèrent en détail comment ils avaient réalisé l’expérience résonance, en frappant les parois du complexe régulièrement afin de mettre l’ensemble en raisonnante et en mesurer les effets. Depuis Apollo Soyouz, les infos arrivaient plus vite qu’avant, mais là j’étais servi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A l’issue de l’entretient, je leur présentais deux dossiers, l’un sur le lanceur Semiorka, l’autre dossier compilant en images et avec mes croquis, tout ce que j’avais récolté sur le Soyouz depuis 10 ans. Je ne collectionnais pas les autographes, mais sans leur demander, les deux cosmonautes me complimentaient par écrit sur ce travail, en anglais et en russe, sur la couverture.

Aussitôt partis, quelqu’un s’approcha de moi et saisit mon document en me disant : ‘’C’est bien ça. C’est vous qui avait fait ça ?’’. C’était Christian Lardier du Cosmos Club de France. Ce fut notre premier contact. Une amitié qui dure encore.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je ressortirais ce dossier à la Cité, lors de la venue de Simon Allix qui préparait un livre avec Jean-Pierre Haigneré : Carnet de bord d'un cosmonaute. Nous échangeâmes beaucoup tous les deux  (l’homme est passionnant) et quelques de mes dessins l’inspirant, ils se retrouvèrent avec mon accord dans ce livre tellement atypique que j’adore.

De belles dédicaces de Simon et Jean-Pierre en préface de mon exemplaire.

 

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