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Lundi 17 serptembre 2012             Jour J, ou du moins soirée J.

 

Il va falloir se reposer un peu ce lundi, car le tir est à 22h30, et nous avons compris que les afters tirs se terminent tard.

Petit déjeuner avec Victor qui nous donne les dernières nouvelles du lanceur et satellite.

Le Rdv pour le départ vers le pas de tir est prévu pour 20h45, devant notre hôtel. Mais ce ne sera pas notre accompagnatrice habituelle qui vient de perdre son père, mais une nouvelle. La voiture sera la même et Victor pas là. Important : Ne pas rater le rendez-vous ! :)

 

Ce matin nous décidons de nous balader séparément, mais sans le savoir, avec quasiment le même objectif : le musée en ville et les magasins sans perdre de vue la recherche des restes de N1 toujours introuvables.

Choux blanc, car tout est fermé.

Vincent à plus de chance, au musée, personne ne parlant autre chose que le russe, une des babouchka à la bonne idée de retenir Vincent, l'assoir et d'appeler la personne du Musée qui parle anglais. Il explique qu'il a déjà visité mais qu'il veut juste acheter le livre que j'ai pris la veille et qui est bien.

Pas de problème, la babouchka l'accompagne dans le bureau et lui vend le livre et en fouillant bien, Vincent trouve les chemisettes que je cherche, les essaye pour les tailles et revient fièrement avec sa trouvaille.

Je tenterais demain matin, si j'arrive à me lever après la fête prévue.

De mon coté, marché fermé mais pas le petit endroit où l'on change et juste à coté dans une vitrine, des pièces éditées pour des 50 ans du cosmodrome que je prends. Balade photo et visite de tous les points de vente pour voir la vie de tous les jours, de l'intérieur.

 

 

 

13 h, repas avec Victor.

Les officiels sont arrivés et nous sommes conviés à la présentation officielle de Starsem au client – Eumetsat. Le temps d'aller se changer, nous sommes dans une petite salle avec 8 personnes à assister à l'exposé de M. Legal, patron de Starsem et d'Arianespace à son client.

Vraiment sympa de pouvoir assister à cette étape, conventionnelle mais importante tout de même.

L'après midi, petit repos à rédiger et ranger un peu, mais pas à dormir.

Le programme annoncé est départ à 20h45, rejoindre le pas de tir et s'installer pour attendre le lancement à 22h38.

 

Le lancement de nuit avec le temps que nous avons devrait nous permettre de voir le largage du premier étage, et du second avec peut être voir l'allumage du troisième. Quand il n'y aura plus rien à voir, retour à l'hôtel – le notre en attendant le retour des officiels. Ils attendront la confirmation russe de la bonne séparation du satellite soit prés d’une heure 40 après le tir. Si l'on compte quelques serrages de mains et le retour de 30 minutes, c'est entre 1h et 2h du matin que commencera la soirée de fin de campagne...on n'est pas couchés.

 

Le départ vers le pas de tir est disons classique avec les différents passages des contrôles. Après avoir pis le grand axe habituel alternant la conduite à droite ou à gauche en fonction des TPS. A la fin de cette ligne droite, nous marquons l'arrêt au passage de voie ferrée, juste avant que les voies routières se séparent pour aller à gauche coté Proton, 112 et Gagarine. Nous partons à droite en direction de la zone 31.

Nous arrivons de nuit bien sur et notre chauffeur prend place sur le parking coté bâtiment nommé point d'observation. Bien évidement, les traditions là aussi sont respectées, un policier Kazakh vient discuter avec le chauffeur et notre accompagnatrice officielle pour nous faire revenir sur nos pas et nous garer sur le parking situé de l'autre coté de la route. Sagement, nous restons sur les graviers du parking en attendant. Bien évidement, cela va se reproduire à chaque arrivé de bus, qui passe devant nous, repasse pour revenir se garer et déverser ses voyageurs qui bien sur s'installent sur la route et qui se font repousser sur le parking où nous sommes. Les places vont être chères. Amusant, nous apprenons un nouveau nom: Pour nous faire reculer un peu (tchut, tchut en russe), le policier précise quelque chose en russe qui ressemble à NASA. (Земля – Борт) .Et nous entendons tous Chut, chut NASA ! Avec la tension nerveuse, il ne nous en fallait pas beaucoup plus.

Le lanceur est devant nous, dans la steppe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A gauche, le point d'observation avec les officiels et probablement Victor.

Ce que nous ne savons pas, c'est que Victor n'est pas là. Il est sur le pas de tir à regarder les dernières étapes du remplissage. Il nous prend quelques photos du lanceur totalement givré.

Il regardera le lancement depuis le portail du pas de tir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le ciel est magnifique et pour ma part, c'est également une première.

Voir avec mes yeux les détails de la voie lactée et la voie lactée s'arrêter net, par le noir de l'horizon : incroyable.

Nous avons le temps de voir passer trois satellites et plusieurs étoiles filantes. Ah, le ciel de Baïkonour.

On nous avait conseillé plus que la petite laine. Pas utile, on aurait pu être en bras de chemise.

Quand la ronde des bus se calme et leur pollution lumineuse en même temps, nous apercevons de l'autre coté de la route (zone interdite), les silhouettes et 3 ou 4 photographes avec des pieds photo.

Cela nous démange trop et comme avec Vincent nous nous qualifions vite de photographes, nous attendons que l'homme qui nous surveille reparte sur la gauche et soit de dos, pour traverser la route et nous assoir dans la steppe et dans le noir. Le petit jeu va durer la demi-heure qui précédera le lancement, mais nous sommes suffisamment loin devant pour ne pas être gênés par les autres qui nous ont rejoint.

J'en profite pour remplir mon sachet du sable de la steppe non loin du pas de tir 31.

 

Nous sommes assis, dans le noir, à 1 200m du lanceur que nous voyons enfin car les 2 tours s'ouvrent, signe que tout va bien. A nos cotés, un technicien nous donne la chrono officielle nous faisant monter la pression.

Au loin, depuis le point d'observation, les ordres des différentes actions sont diffusés par haut parleur.

Je ne suis pas du tout venu pour prendre des photos, mais je ne résiste pas à en tenter une ou deux pour les copains.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Moins 15mn, moins 6mn, moins 3mn, moins 2mn.. Afféré à tenter d’améliorer l’image et régler mon appareil, j'entends en même temps que ceux qui connaissent '' Abort'' qui en russe signifie la même chose qu'en anglais. Arrêt. Le préposé à la lecture de la chronologie, qui lui en a subi plusieurs pour le précédent vol Métop A, reprend le mot suivit d'un commentaire. C'est cuit. Mon cerveau calcule vite que nous sommes là encore quelques jours et que si le problème ne concerne que tel ou tel point, on aura encore une chance de...quand une lumière vive apparaît de dessous le carneau avec un son dont je n'avais jamais prêté attention qui est celui de l'allumage des gaz sous les tuyères, ressemblant a celui d'une gazinière dont on a tardé d'approcher l'allumette. Floupp.  Et c'est parti.

 

Les différentes phases intermédiaires, la puissance maxi et le lanceur qui s'élève doucement (une des particularités de la Semiorka) et bien sur la flamme et la lumière qui s'en dégage. Cette flamme va encore grandir et quand le lanceur sera visuellement suffisamment incliné pour donner l'illusion de prendre la direction de l'horizon, elle atteindra une taille impressionnante. Le temps de laisser le premier étage terminer son œuvre, je saisi mes jumelles pour voir la séparation des 4 accélérateurs, formant dans une image furtive, ce que certains nomment l'étoile de Korolev. L’étage central, que l'on peut nommer second étage poursuit son travail et je tente de le suivre à la jumelle pour voir enfin son extinction et l'allumage du troisième étage. Wahou ! La gifle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ca va trop vite, vraiment trop vite. On aimerait pouvoir, comme au foot, revoir l'action au ralenti.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme nous le dira Victor le lendemain : '' J'ai toujours du mal à me rappeler de tel ou tel détail du moment du lancement. C'est plutôt un ensemble de sensations. On a envie de revivre ça. On devient accroc aux lancements.'' …Bien reçu ! C'est quand tu veux Victor.

Dernier détail, les chauffeurs de bus qui doivent en être à leur ???ème lancement, qui descendent de leur bus plus pour discuter avec les copains et fumer une cigarettes, attendent la fin des hostilités pour rapatrier tout le monde dans les hôtels et aller au lit.

Alors pour eux, dés que la fusée s'est élevé, à peine les accélérateurs largués, ils remontent dans leur bus, redémarrent et allument leurs phares cassant le rêve. Mais bon, on ne va pas s'plaindre ma bonne dame !

 

Pour le retour, on alterne entre prise de conscience de ce que l'on vient de vivre et le fait que nous ne reviendrons certainement pas de sitôt ici. By by la zone 31. Pendant le transfert Alors, un peu surréaliste, j'envoie deux SMS – l'un à un copain du forum bien informé, l'autre directement à Marie-Ange Sanguy qui suit le lancement à Darmstadt. Mon ami Philippe Droneau m'envoie également des nouvelles depuis la Cité. Tous nous rassurent et nous tiennent informés. Je vous rappelle, nous sommes dans la nuit noire, dans la steppe avec rien autour, sur une route cabossée et les SMS fonctionnent. Pas mal comme situation.

Retour à notre hôtel, pour envoyer en direct quelques images à nos amis du forum qui vivent le lancement en pensant à nous.

Vers 1h du matin, nous rejoignons l'hôtel Spoutnik pour l’after.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour résumer, ça à commencé doucement.

Car on n'ouvre pas le champagne avant l'arrivé des officiels qui sont arrivés très tard.

Mais très vite....le reste, c'est confidentiel défense.

Couché 4h du matin.

 

 

A de rares exceptions, les images sont disponibles en HD en cliquant sur les vignettes. (c) Meens/Gracieux.

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