top of page

Des Articles

 

Cette fois, toujours sur deux numéros, l'histoire de la N1 qui s'arrêta après 4 tirs.

 

Lune rouge 4 - La mise au point du programe L3

Espace et Exploration n°06 – Novembre/Décembre 2011 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après avoir découvert comment les soviétiques avaient envisagé pouvoir survoler puis se poser sur la lune, (voir numéros précédents) poursuivons notre série d’articles sur les programmes lunaires soviétiques des années 60 en s’arrêtant sur la mise au point du lanceur N1 du programme L3. Dans le prochain numéro, nous vivrons la fin de ce programme et verrons comment les robots ont pu sauver l’honneur de l’URSS.

Enfin, les derniers articles dévoileront le module lunaire qui fut conçu dans le cadre du programme L3 et qui fut certainement le véhicule spatial le plus secret en son temps.

 

La mise au point du programme L3

Bien évidement, là aussi, il est difficile de tirer au clair les différentes phases de développements envisagés pour les différents composants du programme N1/L3 tant ce projet à évoluer au cours du temps. Mais focalisons-nous vers la fin des années 60…

Fin 1966, les grandes lignes du développement sont les suivantes :

Les vols 2L, 3L et 4L embarqueraient des vaisseaux lunaire L1 inhabité, de type Zond modifié pour un survol de la Lune et retour sur Terre en 1968/1969. Les vols suivants 5L et 6L auraient la missions d’envoyer en 1969/1970, le complexe L3 en orbite lunaire avec l’équipage de 2 cosmonautes qui assisteraient à l’alunissage d’un LK inhabité. Avant la fin de 1970, seraient tentées le débarquement d’un cosmonaute avec les missions 8L, 9L et 10L.

 

Programmation par décret

En 1967, tenant compte du retard dans la réalisation du projet, de nouvelles dates pour le programme L3 de débarquement lunaire sont à nouveau proposées dans le même décret qui fixait les grandes dates du programme L1,

L’année 1967 devait permettre les tests sur les différents Block du lanceur lors du tir 3L qui devait intervenir en septembre 1967. Les deux premiers lanceurs désignés L1 et L2 ne sont pas destinés à être lancés mais affectés aux essais dynamiques, montages et préparations aux lancements.

Le lanceur 4L mis en réserve, c’est au lancement 5L de décembre 67 que serait confié le premier vol dans l’espace du LOK et du LK. En orbite terrestre, un complexe L3 embarquerait un LOK sans pilote accompagné d’une maquette du LK. Lors de cette mission, seraient répétées les procédures du passage du cosmonaute du LOK vers le LK, la séparation du LOK et du LK pour se terminer par le retour sur Terre de la capsule du LOK.

Une répétition de cette mission automatique était programmée 2 mois plus tard, en février 68 avec le vol 6L. Une option était également envisagée. La réalisation d’un vol L3 une nouvelle fois sans pilote (LOK et LK), mais en visant cette fois l’orbite lunaire. Devaient être simulées le passage du cosmonaute du LOK vers le LK en orbite lunaire, l’alunissage du LK à la surface de la Lune où seraient menées quelques études scientifiques de la Lune à l'aide d’instruments scientifiques automatiques placés sur le LK. Une tentative de décollage du LK depuis la surface de la Lune devait être également tentée. La mission se terminerait avec le retour du LOK vers la terre où serait validée la phase de rentrée suivie de l’atterrissage de la capsule sur le territoire soviétique.

Bien évidement, lors de ses missions lunaires, quelles soient habitées ou non, des caméras haute résolution auraient photographié les sites d’alunissage envisagés afin d’affiner le choix des scientifiques.  Les deux vols suivants 7L et 8L, embarqueraient des cosmonautes dans le LOK pour les répétitions en orbites lunaires.

La mission 9L, programmée pour aout 1968, serait la grande répétition générale avec un alunissage d’un LK inhabité. L’ultime répétition avant le débarquement humain devait permettre la réalisation complète d’une mission N1/L3 avec un équipage occupant le LOK. Toutes les phases du vol seraient ainsi testées. Arrivé en orbite lunaire, le transfert du cosmonaute vers le LK serait répété mais ce cosmonaute reviendrait immédiatement vers le LOK pour suivre avec son compagnon le décrochage de l’orbite et l’alunissage du LK inhabité. Les instruments du LK poursuivraient l’étude de la Lune avant de redécoller pour rejoindre et se connecter au LOK. L’orbite lunaire serait abandonnée suivi du retour sur Terre du premier équipage soviétique ayant orbité autour de la Lune.

Enfin, le vol 10L assurerait la dépose du LK de secours suivie de la mission 11L qui aurait permit au premier cosmonaute soviétique de marcher sur la Lune pour les commémorations du 51ème anniversaire de la révolution russe, en octobre 1968.

Les vols 11L et 12L servirait de réserve en cas d’échec de l’une des missions précédentes.

 

Dés Mars 1968, un groupe de cosmonautes commence la préparation de l’entrainement pour ces missions lunaires. Un simulateur de marche lunaire est installé à la Cité des étoiles prés de Moscou et les cosmonautes simulent les alunissages à l’aide d’un hélicoptère Mi-8, en effectuant des atterrissages en mode d’auto giration. Le Général Kamanin qui dirigeait l’entrainement des cosmonautes, leur confie qu’il n’imagine pas que l’alunissage d’un cosmonaute puise se faire avant la fin 1969. Mais dés cette époque, le choix de l’équipage de la première mission de débarquement est effectué. Alexeï Leonov sera le premier soviétique sur la Lune et Oleg Makarov sera le pilote du LOK.

 

Et maintenant, les actes

La première N1 opérationnelle fait son apparition sur son pas de tir en mai 1968, au moment où la France fait sa ‘’révolution’’. Mais il semble que lors de la mise en place de l’énorme charge utile, des craquelures apparaissent à la base du lanceur, sur le premier étage. Après retour dans le hall d’assemblage, elle ne sera de retour qu’en janvier 1969, après un bref passage sur le pas de tir en novembre 1968.

 

Premier lancement : 3L - 21 février 1969, à midi 17 minutes 55 secondes (heure de Moscou)

Avec 2 ans de retard sur le décret !, le premier test de fonctionnement simultané des 30 moteurs NK-15 du premier étage de la N1 – le Block A - va être effectué. La poussé des 30 moteurs atteint plus de 4 600 tonnes, largement suffisant pour soulever les 2 700 tonne de la N1. 12 secondes après la mise à feu, elle s’élève majestueusement ; C’est son premier vol.

Tout en haut du lanceur, le vaisseau vide de tout équipage n’est pas un LOK, le vaisseau lunaire nominal. C’est également un vaisseau dérivé du Soyouz, mais de type L1 – Zond, destiné à contourner la Lune lancé par la fusée Proton. Ce vaisseau L1S (11F92) de remplacement est légèrement modifié car il embarque pas mal de matériel du LOK et surtout, du matériel de prise de vue haute définition qui doit ramener sur Terre les premières photos des futures zones d’alunissages envisagées. 

 

Lancement : Le système KORD qui coordonne les 30 moteurs du premier étage coupe par erreur le moteur 12 et son opposé le 24 ! De fortes vibrations du lanceur entrainent la rupture d’une canalisation d’oxygène et le feu s’installe dans la baie de propulsion jusqu’à la 70ème seconde ou KORD coupe tous les moteurs de la N1 qui n’atteint que 14 km d’altitude avant de retomber dans la steppe du Kazakhstan.

 

Second lancement : 5L - 3 juillet 1969, 23 h 18 mn 32 secondes (heure de Moscou)

Toujours dans le secret le plus absolu, mais sous la surveillance active des satellites espions américains, la fusée N1 va effectuer son premier lancement de nuit. Le vaisseau L1S (11F92) est cette fois accompagné d’une maquette représentative de LK (11F94). Les moteurs du premier étage sont équipés d’un système d’extinction incendie mais qui s’avère naturellement incapable de faire face aux conséquences de l’explosion d’un moteur dans la première seconde de vol. C’est toute la baie de propulsion qui est détruite par enchainement. Le lanceur s’immobilise, bascule et retombe sur la table de lancement en la détruisant intégralement.  Le personnel de tous les sites alentours dans un rayon de 20 kilomètre avait été éloigné. C’est l’apocalypse ! Plus de 2 000 tonnes de composants combustibles très agressifs se rependent. Les explosions se succèdent pendant 30 minutes. Depuis leur hôtel, les futurs cosmonautes lunaires qui assistent au décollage ont à peine le temps de se protéger que toutes les vitres environnantes sont pulvérisées. L’onde de choc qui pénètre par les fenêtres ouvertes arrache jusqu’aux cades des portes de longs couloirs des bâtiments. La violence est telle que l’énorme tour de service quitte ses rails, mais plus grave, une grande partie des dispositifs sous terrains sont également détruits. Le second pas de tir situé à 500 m du premier est également touché ainsi que la maquette d’une N1 qui semble-t-il était sur place. Les constructeurs mettront 3 ans à remettre à neuf les pas de tir. L’enquête identifie le fautif : un corps étranger qui s’est logé dans la pompe d’oxygène du moteur n°8, détruit les ailettes, la pompe et évidement le moteur.

L’histoire à choisi. Les soviétiques n’iront jamais les premiers sur la Lune. Et ironie de l’histoire, pendant que le 21 juillet, Armstrong et Aldrin collectent les cailloux lunaires dans la Mer de Tranquillité, à Baïkonour, les scientifiques soviétiques dépités ramassent les restes de la N1 qui s’étalent dans la zone du pas de tir. Maigre satisfaction, une nouvelle fois, le système de sauvetage à arraché la capsule de l’apocalypse. L’équipage, s’il y en avait eu un, aurait été sauvé.

 

Prochain numéro : La fin du programme L3 et la revanche des robots

 

 

 

Je rajoutais deux dessins.

Celui du vaisseau L1S utilisé

pour les vols d’essais de la N1

ainsi que l’éclaté de la N1 colorisé.

© 2023 by Lion Heavy Gear. Proudly created with Wix.com

bottom of page