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Des Articles

 

J’adore faire des analogies pour faire passer des notions parfois difficiles à appréhender. Des fois ces notions sont simples, mais dans le cadre de distances parcourues sur la Lune, j’ai trouvé amusant de comparer les déplacements des hommes sur la Lune, à des balades dans une ville plus où moins connues comme Paris.

Le travail consiste d’abord à faire le report sur des cartes puis de raconter, avec un peu d’imagination, ce que donnerait la balade.

Sauf que, comme d’habitude, ne pouvant être superficiel, je suis rentré dans le détail allant même a faire l’exercice sur l’alunissage. Je reprendrais l’idée pour les 40 ans d’Apollo 11, en faisant la comparaison de l’alunissage, depuis le PDI en Allemagne (je crois), jusqu’au posé à la Cité.

Trop long pour passer dans Espace Magazine, le sujet fut publié dans la revue gratuite du Forum de la Conquête spatiale, toujours téléchargeable (dans le coin supérieur droit).

C’est un peu long certes, mais la démarche est amusante. Ce sujet est présenté ici sur plusieurs pages.

 

 

 

Balades spatiales à Paris

FCS mag n°1 – Décembre 2009  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Depuis maintenant 40 ans, nous avons été habitués à suivre les déplacements des véhicules et autres astronautes sur les autres mondes à l’aide de cartes nous permettant de mieux suivre leurs parcours. Seulement, il est parfois difficile de se rendre réellement compte des distances parcourues du fait de manque de références les unes par rapport aux autres.

Cet article n’a pas pour but de vous donner la liste des Musées et autres lieux dédiés au spatial dans Paris mais vous proposer de mieux comparer à la même échelle l’ensemble des trajets réalisés par les 12 moonwalkers et les rovers qui les ont précédés et suivis sur la Lune et maintenant sur la planète Mars.

Nous avons choisi comme point unique de départ la Place de la Concorde à Paris et plus précisément l’obélisque de Louxor que nous avons du démonter pour l’occasion.

Pourquoi le choix de Paris ? D’une part Le Forum de la Conquête Spatiale est un site français et d’autre part, chacun est passé ou passera au moins une fois dans sa vie à Paris. Enfin, comme nous sommes ici dans une revue dédiée au spatial, nous avons choisi d’utiliser – avec l’accord du CNES – un fond d’image de Paris issu de Spot 5 avec une résolution de 2,5 m. Nous avons conservé pour chaque mission, les orientations relatives des différents déplacements sur la Lune sans toutefois en respecter l’orientation géographique.

Mais avant de commencer nos promenades, il nous faut alunir.

Les trajectoires d’alunissage des 6 missions Apollo ont évoluées au cours du temps du fait de l’amélioration du matériel et des procédures et comme il fallait en choisir une, en clin d’œil à John Young c’est celle d’Apollo 16 que nous avons prise comme référence.

 

La décente.

Nous retrouvons le module lunaire qui depuis de longues minutes plonge vers la Lune depuis son décrochage de l’orbite d’attente. Le moteur du LM est rallumé 518 km du point d’alunissage au-dessus de l’Allemagne, 37 km avant Stuttgart en venant de l’Est. A ce moment là, le LM file à plus de 6.000 km/h à une altitude de 16.000 mètres. Il est à 12 minutes de l’alunissage. Pour mieux fixer les esprits, ce PDI – Powered Descent Initiation - se situerait au-dessus de Montauban si l’on venait du Sud, Arcachon pour le Sud-Ouest et la pointe de Bretagne pour les inconditionnels.

Reprenons notre descente d’Est en Ouest. Le moteur du LM atteint sa poussée maximum 26 secondes plus tard au-dessus de Stuttgart.

25 km après Nancy, soit à 248 km du point d’alunissage, le LM n’est plus qu’à 4.500 km/h et à une altitude de 14.000 mètres. Alunissage dans 9 minutes.

4m 20 plus tard, le LM n’est plus qu’à 30 km de Paris, à 7.500 m d’altitude avec une vitesse de 1.300 km/h.

Il survole le Bois de Vincennes et pénètre Paris au-dessus de la Porte de St MANDÉ puis passe à la verticale de la place de la Nation.

Le passage de la « Porte haute », qui va voir l’orientation du module basculer afin de permettre à l’équipage de découvrir le site par ses fenêtres, intervient 2.500 m au-dessus de la rue du Faubourg Saint Antoine, un peu avant le métro Faidherbe - Chaligny. Le LM n’est plus qu’à 5.000m et à 2m 42 du site d’alunissage, sa vitesse de 351 km/h et sa vitesse de descente de 191 km/h.

Au-dessus de la place des Vosges, l’altitude n’est plus que de 1.524 m et la vitesse de 261 km/h. La vitesse de descente tombe à 147 km/h et la place de la Concorde n’est plus qu’à 3.435 mètres.

Le LM laisse à sa droite le Centre Georges Pompidou et presque au-dessus du BHV se trouve à 830 m d’altitude à une vitesse de 202 km/h. La vitesse de descente de 93 km/h lui laisse encore 2m 02 pour franchir les 2.160m qui le sépare de la place de la Concorde.

Le Musée du Louvre est survolé à 415 m d’altitude entre la Pyramide et le Palais Royal. La vitesse de descente atteint 54 km/h alors que la vitesse horizontale est de 144 km/h. Distance 1.220 mètres.

La « Porte Basse » qui permet aux astronautes de choisir leur point d’alunissage est passée au-dessus de Jardin des Tuileries au droit de la rue Castiglione.  La vitesse horizontale tombe à 86 km/h, l’altitude n’est plus que de 193 mètres et la vitesse de descente 23 km/h.

La place de la Concorde est donc visible dans la fenêtre du LM. Les astronautes survolent de 60 mètres d’altitude la grille d’entrée du Jardin des Tuileries à 41 km/h avec une vitesse de descente de 11 km/h. Il ne leur reste plus qu’une minute pour se poser au centre de la place, là où nous avons démonté provisoirement l’obélisque.

Houton, ici la base de la Concorde… vous connaissez la suite !

Nous voilà à pied d’œuvre pour explorer la plus belle ville du Monde.

 

Apollo 11

Votre mission est symbolique. Vous devez tenter de vous poser sur la place de la Concorde et relever ainsi le défi du Président Kennedy et il est évident que l’on n’attend pas de vous d’effectuer une grande randonnée.

Votre programme est toutefois bien chargé et vous ne disposez que d’un peu plus de 2 heures pour tout faire.

Bien évidemment, que vous l’ayez préparé auparavant ou non, il vous faudra trouver une petite phrase à dire quand vous poserez votre pied sur le sol de la place de la Concorde sous les yeux de milliards de téléspectateurs.

22h 14 : Après avoir effectué vos premiers pas pour vous acclimater à la gravité lunaire, vous ramassez quelques roches aussitôt enfouies dans vos poches au cas où il faudrait quitter la Lune dans l’urgence. Ce serait tout de même bête d’avoir fait tout ce voyage pour rien ! Restons dans le symbolique, vous enlevez le capot de protection de la plaque commémorative fixée sur le pied du module lunaire. Les prochaines missions feront de même. La caméra de télévision est installée sur le trottoir d’en face afin que le monde puisse voir vos activités en direct. Votre collègue installe déjà l’expérience suisse de détection de vent solaire sur le terre plein proche du LM. Il est maintenant l’heure de planter au milieu de la voie de circulation de la place, le drapeau de votre pays, non dans un esprit de conquête mais pour rendre hommages aux hommes et femmes qui ont financé ce pari un peu fou. C’est à cet instant que le Président de votre pays vous téléphone pour vous féliciter et que vous devez lui répondre par un discours improvisé.

Il est maintenant temps de passer au coté scientifique de votre mission. Vous déballez les instruments à l’arrière du LM coté Orangerie pour aller installer le réflecteur laser au bout du terre plein central, face au pont de la Concorde. Le séismomètre est pour sa part installé un peu plus loin, sur une zone plus plate dans la rue. Le travail terminé, vous décidez enfin d’aller voir le petit cratère West où vous avez failli alunir et vous vous éloignez jusqu’à la grille du Jardin des Tuileries à plus de 35 m du LM. Ce sera votre point d’éloignement maximum vous permettant de découvrir toute la zone que vous avez explorée. Il est temps de rentrer. Votre collègue déjà dans le LM récupère les pellicules, expériences et les sacs contenant les 22 kg de roches collectées sur la Lune. A votre tour, vous quittez à regret la Lune après 2h ½ de travail.

 

Apollo 12

Trois mois après Apollo 11, vous devez rééditer l’exploit d’Armstrong et Aldrin, mais en plus cette fois, il vous faut viser un point précis sur la Lune et vous poser à moins de 300 mètres d’une sonde qui avait atterri en éclaireur 3 ans plus tôt sur le flanc d’un cratère.

Finalement après votre alunissage place de la Concorde, vous découvrez Surveyor 3 qui vous attend à 180 m de là, près de la grille de l’Orangerie.

 

1ère sortie

Sur la Lune dès 12h 44, vous commencez par décharger le matériel du LM et en déplaçant la caméra TV pour nous faire voir la Terre vue depuis la Lune, vous l’orientez accidentellement vers le Soleil et grillez le capteur la rendant inopérante. Il n’y aura pas de retransmission télé de votre balade.

Le drapeau est rapidement déployé sur la place et vous commencez à décharger le matériel scientifique plus complet que la mission précédente : l’ALSEP.

Vous traversez la place pour installer tout ça dans les jardins à droite des Champs-Élysées, à 120 m du LM.

De là vous poussez jusqu’aux jardin de l’Ambassade des Etats-Unis pour collecter quelques roches avant de revenir vers le LM à 15h 47. Il ne vous reste plus qu’à décharger vos échantillons et remonter dans le LM à 16h 28.

Seconde sortie

Après une courte mais bonne nuit de sommeil en tenue lunaire dans les hamacs dont le LM est maintenant doté, Houston vous réveille à 2h 25 du matin.

A 5h, vous voilà à nouveau sur la place de la Concorde. Vous tentez une nouvelle fois de réparer la caméra TV mais elle semble avoir définitivement rendu l’âme.

Votre parcours du jour va vous faire retourner dans les jardins en face pour vérifier l’état du matériel que vous avez déployé la veille.

Visiblement il fonctionne à merveille puisque le séismomètre enregistre vos pas sur la Lune. Vous partez pour de bon pour votre randonnée et traversez les Champs-Élysées en contournant vers 5h 46 le cratère Head qui s’étire presque jusqu’à la Seine. Vous traversez le Jardin de Paris vers le cours de la Reine où un cratère de 25 m de diamètre vous attends.

Vous longez maintenant les quais en direction du Pont Alexandre III sans toutefois l’atteindre. A 6h 30, face à la Seine, vous arrivez à votre point d’éloignement maximum situé à 450 m du LM. La couche de poussière de 3 à 7 cm d’épaisseur s’envole jusqu’à un mètre de haut par votre simple marche.

En revenant par la Seine, vous contournez l’autre coté du cratère Bench en vous dirigeant vers le cratère Surveyor dont l’un des bords touche le pont de la Concorde.

Après un petit écart géologique sur le pont, vous repartez vers la place de la Concorde. Vers 7h 10, Surveyor 3 est en vue sur le flanc de son cratère qui couvre la moitié de la place.

Au niveau de la façade des quais de l’Orangerie, vous pénétrez dans le cratère pour rejoindre Surveyor tout à coté de la grille de l’Orangerie. A 3 m de la sonde, vous la prenez en photo pour mieux étudier ensuite son vieillissement depuis 31 mois sur la Lune. La sonde est bien « empoussiérée » mais certainement plus du fait de votre alunissage que de son séjour prolongé.

Vous prélevez sa caméra ainsi que la petite pelle qui a creusé 6 tranchées qui semblent encore toutes fraîches.

A 7h 52, Houston vous ordonne d’abandonner Surveyor. Dans l’urgence, vous ne retrouvez pas le retardateur de prise de vue perdu au fond de votre sac. Il n’y aura pas de photo souvenir de vous deux à coté de la sonde. La précipitation fait que vous oubliez un sac vous obligeant à revenir sur vos pas. L’occasion est trop belle et vous ne pouvez y résister avant de quitter le cratère. Alors, comme des gamins avec des boules de neige vous faites rouler des roches vers le fond du cratère en direction du pont de la Concorde.

Vite sortis du cratère en traversant la place comme des girafes au ralenti, vous retrouvez le LM où vous rangez vos échantillons et effectuez un dernier prélèvement avant de réintégrer votre abri vers 8h 45.

Décidément vous êtes vraiment « dans la Lune », vous constatez mais un peu tard que vous avez oublié une pellicule photo au pied de l’échelle. Coup de chance, il ne s’agit que d’un film de rechange.

Mais sans le savoir, vous ramenez un passager clandestin dans la caméra de Surveyor : un streptocoque d’un technicien qui avait préparé la sonde et qui a résisté 31 mois aux écarts de températures, au vide et aux rayonnements cosmiques.

Vers 15h 25, vous quittez la Lune dans un grand souffle de poussière qui provoque la chute du drapeau.

 

Lunokhod 1

Novembre 1970, c’est au tour des soviétiques de commencer leur exploration de la Lune. N’ayant pas réussi à mettre au point leur fusée géante N1 pour envoyer un homme sur la Lune, ils ont jeté toutes leurs cartes dans les missions automatiques. Déjà en septembre 1970, ils ont réussi à faire alunir une sonde, prélever quelques grammes de sol lunaire et à les récupérer sur Terre. 

Cette fois, ils vont pouvoir se déplacer à l’aide d’un drôle de véhicule, sorte de marmite à 8 roues : le Lunokhod.

Piloté depuis la Terre, uniquement quand la Lune est visible dans le ciel de la Crimée et de la mer Noire, les séances de liaisons avec la sonde vont se succéder au fil des nuits terrestres, tant que le véhicule reste éclairé au rythme des longues journées lunaires.

Détail croustillant, les 5 hommes chargés de piloter le véhicule n’ont pas leurs permis de conduire !

Sur la place

La première opération consiste à désolidariser le Lunokhod de sa base et de le rendre électriquement autonome puis de déployer les deux rampes de descente qui vont lui permettre de rejoindre le sol de « la place de la Concorde ». 2h 30 après l’alunissage le 17, il roule et stoppe à 20 m de Luna 17. Lors de la seconde séance de 4h 40, la nuit du 18 au 19, le véhicule parcours 96 m. La vitesse n’est pas bien grande, mais il faut comprendre qu’entre le moment où l’ordre est donné sur Terre et la confirmation par l’image que le véhicule a avancé, il s’écoule 2,5 seconde. De plus, les caméras du véhicule renouvellent ses images toutes les 20 secondes. La prudence s’impose.

Après deux autres séances de liaisons, le 21 Lunokhod est sorti du cratère où il avait aluni et se trouve à 143 m de Luna 17 et se prépare à affronter sa première nuit lunaire.

Deuxième jour

Le 8 décembre, le Soleil se lève pour la seconde journée lunaire du Lunokhod qui a parfaitement supporté le froid glacial. Le 9 le couvercle est ouvert permettant aux photopiles de recharger les batteries. Le lendemain il franchit un cratère de 16 m avec des pentes de 27° et parcours 244 m. Le 11, 98 m de plus et il étudie la résistance du sol et réalise des études chimiques du sol Quai Anatole France.

A la fin de la séance du 12 au 13 décembre, 825 m ont été parcourus et Lunokhod est à 642 m de Luna 17 qu’il prend en photo.

Le 14, Il observe le ciel, poursuit son étude chimique du sol et les Soviétiques l’abandonnent momentanément rue Saint Dominique afin d’écouter Venus 7 qui pénètre dans l’atmosphère de Vénus.

Le 18, après un arrêt de 4 jours, Lunokhod reprend sa route et franchi la distance symbolique des 1.000 m d’éloignement de Luna 17 dans le Square derrière l’église Sainte-Clotilde. 

Le 22 décembre, à l’angle de la rue de Babylone et Vaneau, Lunokhod est mis en veille pour sa seconde nuit lunaire. Il a déjà parcouru 1.719 m et se trouve au plus loin de Luna 17 – 1.370 m. Il attend le lever du Soleil pour le 7 janvier. 1971.

La troisième journée lunaire et va lui faire franchir 1.955 m en 15 jours.

Il passe à coté de l’Hôtel Matignon le 9 et rue de Solferino le 16. Le 17 il parcourt 429 m et retrouve Luna 17 après un périple de 3.593 m.

Vers le Nord

Lunokhod remonte vers le Nord, prend la rue Royale, traverse la place de la Madeleine, rue Tronchet avant d’obliquer vers la Gare Saint Lazare où il pénètre avant de ressortir et de la contourner. De ce point, il traverse les voies à coté de la place de l’Europe, s’égare rue de Madrid avant de revenir par le boulevard Malesherbes pour finalement reprendre le chemin de la Gare Saint Lazare.

C’est finalement place de Budapest qu’il s’arrête définitivement.

Ce grand périple que nous venons de décrire s’est déroulé entre les 4ème et les 8ème jours lunaires, soit du 6 février au 19 juin 1970 et a permit au véhicule de faire entièrement le tour d’un énorme cratère de 500 m de diamètre.

Le 4 octobre 1970, Lunokhod cesse d’émettre et se fige définitivement dans la nuit lunaire. Il aura parcouru en presque 11 mois, 10.450 mètres dans la poussière lunaire où il faillit parfois s’enliser.

 

Apollo 14

Les Américains retournent sur la Lune. Une nouvelle fois, la précision de votre alunissage est surprenante – 160 m du point visé ! Vous allez devoir cette fois explorer les flancs du cratère Cone qui était assigné à la mission précédente - Apollo 13 - qui n’a pu se poser sur la Lune. Ce cratère de 130 m de haut que vous devez escalader est situé à 2.200 m de la place de la Concorde et s’étend du Palais Royal à la Bourse du Commerce.

EVA 1

Votre sortie débute à 15h 54 par la mise en place de la caméra couleur à 15 m du LM afin de retransmettre vos « ébats » sur la Lune. Tout en ramassant quelques roches en cas de départ précipité, vous déployez le drapeau en faisant quelques photos et vous installez vers 16h 17 une antenne en forme de parapluie pour améliorer la qualité des transmissions.

Vous devez maintenant décharger la brouette que la NASA a mis à votre disposition avant de déballer le matériel scientifique. L’Alsep dans les mains vous traversez la place vers le Jardin des Ambassadeurs où vous commencez à déployer les instruments à 90 m du LM. Vous tirez quelques charges pour faire « trembler » le sol afin de faire réagir le séismomètre et installez sur les Champs-Élysées les mortiers qui seront tirés après votre départ de la Lune, commandés depuis Houston.

Votre travail se termine et vous regagnez le LM que vous réintégrez vers 19h 25 après 4h 48 sur la Lune.

EVA 2

Après une courte nuit de sommeil – finalement on dort mal dans les sacs de couchage du LM – vous retrouvez le sol de la place vers 8h 27. Le matériel chargé sur votre brouette, vous quittez le LM vers 9h en direction de la crête du cratère Cone situé entre le Louvre et la Place des Victoires.

Vous commencez votre traversée du jardin des Tuileries par la gauche jusqu’à la pièce d’eau centrale. En pénétrant dans les jardins du Carrousel, la pente commence à s’accentuer et passe à 12°. Vous passez à gauche de l’Arc de triomphe de la place du Carrousel où se situe le cratère Flank. La montée des flancs du cratère Cone s’avère plus difficile que prévue. Les rochers sont de plus en plus gros et vous pouvez même en photographier de 3,5m de long.

La poussière est importante. En vous baissant pour ramasser une roche genou à terre, vous vous enfoncez de 10 cm et vous êtes même obligé de demander de l’aide à votre compagnon pour vous relever. Les formes arrondies des petits cratères environnants ne vous permettent pas de vous repérer sur la carte que vous avez en main et vous bifurquez légèrement vers la droite sans savoir que le point que vous visez est le métro Louvre.

Arrivé à coté de la Pyramide du Louvre, l’ascension est de plus en plus pénible avec le soleil rasant en face. Votre pouls est à 150 pulsations minute et celui de votre compagnon 130. Vous pensez qu’il serait plus sage de laisser là votre chariot et de poursuivre à pied pour tenter d’aller plus vite. Il est déjà 10h 07. En poursuivant votre escalade, vous pénétrez la Cour Carrée du Palais du Louvre avant de décider de sortir coté rue de Rivoli. A moins de 50 m du but, que vous ne voyez toujours pas, Houston vous intime l’ordre de revenir vers le LM compte tenue de votre état de fatigue. Il est 10h 50. Tout en vous reposant, vous prenez enfin le temps d’admirer le paysage. Vous êtes 120 m au-dessus du niveau du LM soit un peu plus haut que le premier étage de la Tout Eiffel. Vous le voyez place de la Concorde. Du fait qu’il est posé sur un terrain légèrement en pente, « on dirait qu’il a une roue crevée. » La température à l’intérieur de votre scaphandre commence à baisser. Elle était montée à 35° et 32° pour votre collègue de marche.

La descente est moins pénible, mais encore difficile. Il vaut mieux vous aider d’un manche d’outil pour « planter le bâton ». Sur le chemin qui longe le Louvre en passant par votre brouette que vous avez abandonnée, vous allez étudier la crête d’un petit cratère. Là, vous allez creuser une tranchée de 45 cm de large sur 120 de long et 60 de profondeur. Au fond de cette tranchée, vous allez imprimer la semelle de vos bottes avant de photographier votre « œuvre ».

Pour revenir vers le LM, vous allez emprunter un chemin plus facile en traversant le jardin des Tuileries coté Seine et à l’Orangerie vous bifurquez vers le LM au centre de la place de la Concorde où vous arrivez vers 12h 05.

Vous rangez vos échantillons et les répartissez dans le LM et avant de partir, vous vous offrez un dernier petit plaisir. Comme vous êtes fana de golf, face à la caméra TV, vous sortez de votre poche 2 balles de golf stérilisées et avec un club bricolé vous vous payez le luxe de faire le premier put sur la Lune.

Il est maintenant temps de regagner le LM. Vous refermez la porte après 4h 34 passées sur la Lune.

 

Il est temps pour nous de refermer quelque temps le grand livre des balades parisiennes pour laisser la place à d’autres articles. Vous retrouverez la suite dans le prochain FCS Mag. Et la prochaine fois que vous passerez sur la Place de la Concorde, repensez à cet article et à tous ceux qui vous ont précédé.

PS : Au fait, si vous retrouvez la pellicule photo oubliée au pied du LM par l’équipage d’Apollo 12, faites la parvenir à la rédaction.

 

Prochain n° : Apollo 15 à 17, Lunokhod 2 et objectif Mars.

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