top of page

Des Articles

 

Suite de l'article sur la station MIR dans le second numéro d'Espace et Exploration..

 

MIR - la station soviétique devenue russe

Espace et Exploration n°02 – Mars/Avril 2011 

L'ère des navettes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SPEKTR, PRIRODA et NAVETTES

27 Mai 1995, un panneau rétracté, le module Kristall peut être transféré sur son sas latéral, vie le sas axial, pour laisser la place au nouveau module enfin terminé : Spektr. Le 1er juin, il se connecte à l’avant de Mir et la patte d’ours le positionne le lendemain vers le bas où il se positionne définitivement. (92 t – 312 m3). Depuis le projet d’origine, le module a été complété d’équipements américains dont l’énergie est fournie par une paire de grands panneaux solaires complémentaires fixés sur la partie avant reconfigurée.

Le mois suivant, Kristall est repositionné vers l’avant de Mir pour permettre la première jonction avec la navette Atlantis (STS-71). Afin d’étudier le comportement de deux masses importantes, la prudence a dicté un choix axial. C’est un vol symbolique. Une navette rejoint enfin une station, ce pourquoi elle a été conçue. Les Russes et les Américains se retrouvent dans l’espace, 20 ans après Apollo-Soyouz et hasard du calendrier, il s’agit de la 100ème mission habité américaine.

En novembre 95, Atlantis (STS-74) reviendra avec dans ses soutes le module de jonction DM, sorte de rallonge permettant à la navette de se connecter à Kristall revenu sur son sas latéral droit. Se sas, qui restera en place (96 t – 322 m3), permet à la navette d’éviter les panneaux de mir de 13m de long.

Après une nouvelle visite d’Atlantis en mars et après trois ans de travail, le module Priroda est  placé sur une orbite le 23 avril 1996. Stocké chez Khrunichev depuis 1991, Priroda, est un module international de recherches pour l’observation de la Terre.  Sa charge utile a été réduite au fur et à mesure du retrait des nouvelles républiques devenues autonomes. L’unique panneau solaire rétractable, situé à l’avant du module disparaît pour laisser place à de nouvelles charges utiles. L’une d’entre-elles, le radiomètre micro-ondes dénommé IKAR nécessite une grosse antenne tridimensionnelle qui est placée sur les flancs du module. Finalement, la charge utile atteindra 6,5 tonnes dont 1 d’équipements américains. Le vol libre d’un mois que le module Nature (Priroda en russe) devait effectuer avant sa jonction sur Mir est annulée. Des batteries sont installées pour assurer le vol de poursuite vers Mir. Le 26 avril, il se connecte et bascule vers le sas latéral gauche faisant passer la masse du complexe à 116 t et un volume de 388 m3.

Entre temps, Mir connait en 1997 les deux plus graves incidents d’un vol spatial ; le feu et la dépressurisation. Le 23 février, une cartouche destinée à délivrer un apport d’oxygène prend feu. Malgré les quelques extincteurs qui parviennent à fonctionnent, le feu d’éteint de lui-même sans trop de dégâts. Le 25 juin 1997, afin de tester de nouveaux équipements de rendez-vous made in Russia, qui ne sont plus produit par les anciennes républiques, le test tourne au drame et le vaisseau Progress percute la station en tordant le support de l’un des panneaux de Spektr. La torsion sur le support est trop forte et entraine une dépressurisation du module. Les cosmonautes parviennent à l’isoler et sauver la station.

 

SURSIS

Par 6 fois, les navettes assurent la logistique de MIR (Atlantis STS-79, 81, 84 et 86, Endeavour STS-89 et Discovery STS-91 en juin 1998), mais le résultat est là : les deux nations ont appris à coopérer.

L’objet est là, filant à près de 8 mètres par seconde, brillante de mille feux dans cet espace hostile. Cette étoile de forme baroque abrite la vie. La volonté des hommes a permis de franchir les derniers obstacles. Mir vit, mais elle est condamnée. Car une des clauses des accords de 1993 précise que Mir doit disparaître de la scène spatiale quand la Station Spatiale Internationale sera habitable.

Mir est en sursis. Tous ceux qui quitteront Mir y penseront lorsqu’ils seront bouleversés par sa beauté et sa fragilité.

Le 20 novembre 1998, la phase 2 de l’accord américano-soviétique rentre en action avec le lancement du module Zaria, première brique de la nouvelle station spatiale internationale.

Le 20 février 1999 débute la mission Perseus qui permet au français Jean-Pierre Haigneré de retrouver MIR pour un séjour de longue durée de 186 jours. En juillet, Jean-Pierre peut dialoguer avec son collègue Michel Tognini qui effectue également son second vol à bord de Columbia. Il ne manquait plus qu’un prophète pour MIR. Pacco Rabane s’en charge et nous annonce avoir décrypté dans les textes de Nostradamus, la destruction de Paris et de certaines villes du Gers du fait de la chute de la station MIR le 11 aout pendant l’éclipse de Lune. Au calme, dans la station, J.P. Haigneré photographie la zone d’ombre sur la France qu’il qualifie ‘’d’un doigt souillé sur une robe blanche’’ pendant que Rabane retourne à la couture. Fin aout, MIR n’a plus d’occupants

Au sol, c’est l’agitation pour les derniers vols. Les communiqués s’enchainent, des places sont à vendre et on parle d’actrice, d’acteur, James Cameron visite la Cité des étoiles et le nom de Denis Tito apparait. Finalement, il n’y aura pas de touriste dans Mir, ce sera pour ISS.

Du 4 avril au 16 juin 2000, Kaleri et Zaletin sont les derniers occupants de Mir. L’histoire ne dit pas s’ils ont laissé à leurs hypothétiques successeurs les traditionnels présents - le pain et sel - qui ont du finir dans le feu d’artifice final ! Les Russes maitrisent les désorbitations, ce n’est pas leur première même si cette fois, la pièce est lourde. Un 64ème et dernier Progress bourré de carburant ralentira le complexe pour le précipiter dans les couches denses de l’atmosphère au-dessus des iles Fidji. Un équipage s’est toutefois entrainé pour une mission ‘’kamikaze’’, qui se séparerait de Mir après avoir enclenché le Progress. Mais ce ne sera pas utile.

 

FIN DE MISSION

Le 23 mars, après avoir repris en main la station, les moteurs de Progress M1-5 sont mis en marche à 2 reprises une vingtaine de minutes. Au sud de la Grèce, les tuyères des moteurs du Progress crachent une dernière fois ses gaz signant l’arrêt de mort du complexe. Alors que le complexe survole le sud du Japon, à l’arrêt des moteurs, le frottement atmosphérique commence à être perceptible.

Vers 90 km d’altitude, la fragmentation du complexe intervient libérant les 5 grands modules, Kvant 2, Kristall, Specktr, Priroda et Kvant encore associé au Bloc de base.

Les petites pièces comme le module de jonction et le fauteuil Ikarus commencent leur lente combustion autonome. Les boules de feu séparées de quelques dizaines de kilomètres continuent leur descente vertigineuse. Les métaux se disloquent, se subliment dans une traînée majestueuse qui persiste dans l’atmosphère.

Les plus petites pièces qui ont tout de même résisté à cette traversée de l’enfer plongent déjà dans le Pacifique laissant les plus gros poursuivre leur route.

Vers 8 h 59, c’est dans un énorme plongeon que les derniers morceaux de Mir percutent la surface de l’eau à l’extrême Sud de la Polynésie. Pendant près de trois minutes une pluie d’environ 20 tonnes de débris de 700 kg pour les plus gros, se disloquent et plongent pour leur dernier repos.

Pendant 15 ans, Mir fut la ‘’Lune’’ Russe, seul habitat spatial permanent de l’humanité. Au-delà de l’émotion, il est temps de rappeler ici quelques chiffres.

Mir, c’est 139 visiteurs, mais comme certains sont venus plusieurs fois, c’est en réalité 104 personnes différentes qui sont passées dans Mir. 104 personnes, dont 11 femmes, 40 Russes et 44 américains. Et oui, même pour quelques heures, il y a eu plus d’américains que de russes dans MIR !

158 sorties extra véhiculaires furent effectuées – dont 14 IVA (à l’intérieur) -  Durée totale = 718 heures, soit près d’un mois ! Un homme, Anatoly Soloviev en a réalisé 16, cumulant 77 h.

Plus de 25 000 expériences scientifiques furent réalisées à bord pendant les 80 000 tours de la Terre de Mir dans des disciplines variées comme la technologie, science des matériaux, science de la vie, biochimie et astrophysique. Mais ce que l’histoire retiendra, c’est que MIR fut, de fait, la première Station Orbitale de dimension Internationale, petit vase clos où les femmes et hommes issues de deux idéologies différentes ont enfin appris à travailler ensemble, ouvrant ainsi la voie à la véritable exploration de l’espace menée par la race humaine. 

 

 

Bien évidement je ne pu m'empécher de dessiner

quelque chose.

Ce fut Mir complète avec une mise en couleur

des module pour plus de pédagogie

bottom of page