Tezio Corteze
Инженер мечты
Une Passion - La jeunesse
Signe du Destin ?
Dans son livre ‘’ Mais où est donc le Temple du Soleil’’, l’astrophysicien Roland Lehoucq tente d’identifier la date du lancement de la fusée lunaire de Tintin dans Objectif Lune.
Après une brillante démonstration, il en conclut que deux dates sont possibles : le 3 juin 1954 ou 1960.
Comme l’une des deux m’arrange bien, on va dire que c’est le 3 juin 1954 et que
je prends ça comme un signe du destin qui va marquer ma vie. Car certainement,
même ne découvrant cette anecdote qu’il n’y a que quelques années, cette bande
dessiné a du probablement participer à mon initiation et mon intérêt pour les
choses de l’espace.
Y-a-t-il un début ?
Gagarine bien sur, mais de loin, par la radio qu’écoutait mon père.
Mais c’est le même vaisseau qui fut mon premier satellite observé. L’été 1962, je partis avec
mes parents en camping en Haute Savoie, à Collonges-sous-Salève.
La presse locale annonça le 11 aout le lancement de Vostok 3 avec Nikolaiev et le lendemain
Vostok 4 et Popovitch. Les articles évoquaient un rendez-vous dans l’espace et annonçait même
les passages au dessus de Genève tout proche.
Le soir, tout le camping était dehors et c’est moi, le petit gamin de 8 ans qui vit le premier les
deux point arriver à l’horizon.
Ils étaient proches et mon imagination faisant le reste, j’imaginais ces deux vaisseaux préparer leur jonction. Ils disparurent à l’horizon après un magnifique passage vertical. En fait, les deux vaisseaux n’avaient aucun moyen d’orientation ni de moyen de modifier leur orbite, et seul la balistique les fit se rapprocher à 5 km de distance au-dessus de nous. Ma nuit fut peuplée de rêves…
En 2001, la Cité de l’espace eu la chance de pouvoir accueillir Popovitch, mon héros de jeunesse, pour célébrer les 40 ans du vol de Gagarine. Depuis Vostok 4, Popovitch avait traversé l’histoire avec des missions connues et moins connues. Il fut affecté au programme de survol lunaire habité – L1/Zond puis basculé avec Leonov sur le programme de débarquement lunaire – L3 avec le module lunaire LK – et enfin sur le programme militaire de stations Almaz. Il séjourna dans l’espace une seconde fois en 1974 dans le cadre de ce projet Almaz dans la station Saliout 3. Ce fut un honneur de le croiser, notamment autour d’un repas entre amis où j’eu l’occasion de lui raconter ma petite histoire.
Nous le chargeâmes de transmettre à notre marraine et amie Claudie Haigneré, à l’entrainement à Moscou, une bouteille de vin avec nos messages d’encouragement et pour mission de la boire avec elle. Ce fut son dernier passage en France. Ukrainien d’origine, il disparu en 2009 en Crimée.
A l’école
Ma grande source d’information est le journal que lit mon père et de temps en temps Paris Match et autres revues féminines que je récupère ça et là. Mes premiers articles, je les colle sur des cahiers de brouillon qui passent rapidement du petit au grand format. C’est amusant et au bout de quelques années, ces cahiers constituent ma bible. J’en suis fier et je ne résiste pas à les amener à l’école pour les faire voir à mon professeur.
Trop loin pour me souvenir de ce qui c’est passé, mais toujours est-il que ces cahiers disparaissent vers 1966, pendant les vols Gemini. Plus d’archives ! Avec le recul, je me dis que j’ai commencé là ma mission de transmission du savoir !
Presque 40 ans plus tard, je prépare une expo sur les 50 ans de Spoutnik, avec plusieurs zones où nous souhaitons offrir à nos visiteurs, les grands moments du spatial tels que les gens les ont vécus à l’époque à la TV. Je contact l’INA et sympathise avec mon interlocutrice, qui m’avoue aimer ces recherches car elle-même se souvenant avoir regardé la marche lunaire en direct. Et elle me glisse qu’à l’époque, elle était prés d’Arcachon. En creusant un peu, nous comprenons que nous étions dans la même petite école quasi familiale, dont son papa était le Directeur. Nous sons sommes retrouvés grâce à ce projet, et j’ai pu lui offrir l’un de mes cahiers de contrôle où figuraient pas mal de commentaires de son papa depuis disparu.
Le déclic
Peut-on parler de déclic, alors que l’intérêt sur l’espace est déjà là.
Certes, les leçons de géographie données par les photos des vols Gemini publiée dans les Paris Match étaient plus efficaces que mes leçons, mais il y eu tout de même un moment fort.
Ma tante avait été la première de la famille à acheter une télévision. Comme tout le monde, j’étais fasciné par les images, mais encore le hasard, j’ai eu la chance de voir le journal ou 5 colonnes à la une sur la sortie de Leonov. Voir cet homme sortir d’un vaisseau et flotter ! Mais flotter dans quoi ? Nager ? Et la Terre qui défile derrière lui…le tout à 28 000 km heure. Voilà comment une image choc peut se graver dans la tête d’un gamin et lui ouvrir sa curiosité.
Alors, imaginez l’émotion quand à 53 ans, ce même gamin se retrouve face à ce même Leonov et a l’occasion de passer prés de 18 heures à ses cotés. Ce fut inoubliable d’être face à ce que lui-même appelle – un dinosaure.
Paris – le CNES
Pour m’éloigner des soucis de santé de ma maman, on m’envoie à Paris chez mon oncle qui tient un garage rue Labrousse.
Très vite, cet oncle initie le petit gamin provincial que je suis au métro et me lâche découvrir Paris.
J’avais noté une adresse et j’arrive à me débrouiller tout seul et débarque à la bonne sortie. Pas la Tour Eifel, non. Mais devinez où ; au CNES. Là où on fait les fusées ! Et je reste là planté, à regarder ce bâtiment imaginant je ne sais quoi !
Une personne bien habillé m’interpelle et me demande ce que je fais là. Je ne sais ce que je lui ai raconté, mais ce qui est sur c’est qu’il me fait entrer et me remet des docs sur les lanceurs Véronique et autres projets du CNES de l’époque, docs qui dorment encore dans mes archives… Si, si. Je n’ai jamais su qui il était, mais qu’il en soit encore remercié, même virtuellement.