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Des Articles

 

C’est un petit croquis sur Facebook qui chatouille ma rédactrice en chef préférée.

L’idée devient un projet puis un poster permettant d’un seul coup d’œil de voir l’ensemble des stations orbitales à la même échelle, sur plus de 50 années, disposées de manière chronologique, avec l’indication des temps d’occupation. Cela permettant de voir les difficultés des mises au point des soviétiques et l’arrivée des chinois.

Un petit travail de camemberts. 

 

 

Toutes les Stations Orbitales

Espace et Exploration n°20 – Mars/Avril 2014

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous connaissons tous l’histoire des stations orbitales. De nombreux textes existent pour décrire cette formidable aventure technologique et humaine. Mais il nous a semblé bon de prendre de la hauteur et de tenter une synthèse sur plus de 50 ans sous la forme d’une infographie simple, regroupant un minimum d’informations.

Toutefois, revenons un peu en arrière… 

 

ALMAZ – le diamant fondamental

La saga des stations orbitales débute véritablement au moment où les soviétiques, qui viennent de perdre la course à la Lune (voir la Lune rouge), décrètent que seules les stations orbitales n’ont d’intérêt à leurs yeux.

Les autorités ont décidé. Aussitôt, les concepteurs ‘’civils’’ ayant tout pouvoir, décident pour gagner du temps de cannibaliser l’un des deux composants d’un projet de station militaire – ALMAZ (diamant), et de l’adapter à la desserte par les vaisseaux Soyouz. Ils décident également de fabriquer deux stations à chaque fois, afin de pouvoir réagir en cas d’échec au lancement.

En un temps record, la première station prend la route de l’espace pour les 10 ans du vol de Gagarine.

DOS 1 (pour Dolgovremennaya Orbitalnaya Stantsia – Station Orbitale à longue durée), alias Saliout 1 (Salut).

Pour la première fois, 3 hommes séjournent 23 jours en impesanteur, le monde entier suit la mission et s’apprêtent à célébrer leur retour qui se termine en drame (1).

La malchance vient de basculer à l’Est et elle va s’acharner !

La sœur jumelle de Saliout 1 – DOS 2 – termine son vol dans le Pacifique suite à l’échec de son lanceur.

Les militaires, qui ont réussi à négocier une partie du projet Almaz, lancent à leur tour leur première station OPS 1 (pour Орбитальная Пилотируемая Станция – Station Orbitale Pilotée) en la dissimulant sous le nom de Saliout 2. C’est à nouveau un échec, la station se dépressurise et perd tout contrôle.

Une nouvelle génération de station ‘’civile’’, avec des panneaux solaires réorganisés, perd tout contrôle après épuisement de ses réserves. Après 4 stations orbitales lancées et seulement 23 jours d’occupation, le bilan n’est pas brillant.

 

SKYLAB

Les américains prennent le relais avec les ‘’restes’’ du programme Apollo en lançant SKYLAB, magnifique laboratoire démesuré où 3 équipages vont y séjourner 28, 56 et 84 jours. Skylab attendra désespérément l’arrivée d’une navette et rentrera dans l’atmosphère 2 ans avant le 1er vol de Columbia.

Les militaires soviétiques ont enfin leur station – OPS 2 – Saliout 3, qui rejoint Skylab en orbite.

DOS 4, copie conforme de DOS 3 réussit sa mise en orbite et prend le nom de Saliout 4 suivi 18 mois plus tard de la dernière station purement militaire – OPS 3 – Saliout 5.

Mais ces premières stations ont un inconvénient majeur. Elles n’ont qu’un seul sas de jonction, limitant les séjours à la durée de vie du vaisseau de transport.

Avec la nouvelle génération de station jumelles DOS 5 et DOS 6, un second sas fait son apparition à l’arrière, ouvrant ainsi la voie aux ravitaillements et relèves d’équipage à chaud.

La durée des séjours s’envolent à la fin des années 70 avec Saliout 6 et Saliout 7 dans la première moitié de la décennie 80.

Et avec ces deux stations, sont discrètement testés la prochaine évolution qui va déboucher sur MIR. Grace à l’autre composant des défuntes stations Almaz, les TKS (pour Транспортный корабль снабжения – Vaisseau de Transport et Ravitaillement), des modules autonomes rejoignent les stations Saliout et s’y connectent automatiquement. (Cosmos 1267 pour Saliout 6 et Cosmos 1443 puis 1686)

 

MIR – première station internationale

La grande aventure de MIR peut commencer.

Là encore, deux modules identiques sont mis en construction – DOS 7 et DOS 8. Dos 7 est placé en orbite début 1986 et ne prend pas le nom de Saliout 8, mais MIR (Paix) en écho du nom du projet de station américaine Freedom (Liberté). Mir est en orbite alors que Saliout 7 est encore en bon état, mais le 27ème congrès du PCF avait besoin d’un événement. Jusqu’où se niche la politique !

Le premier équipage de MIR en sera quitte pour effectuer le premier vol inter station en effectuant une expédition vers Saliout 7 pour récupérer du matériel et des expériences.

Mir va ouvrir une des plus belles pages de l’aventure spatiale. La clef du succès provient de son sas avant équipé de 5 pièces de jonction autorisant l’arrivée de 4 modules complémentaires.

C’est toutefois un modèle intermédiaire de module complémentaire qui ouvre le bal. Destiné à l’origine à être assemblé à l’avant de Saliout 7, le Module KVANT est livré à l’arrière de Mir par son remorqueur. Fin 1989, les équipages de Mir réceptionnent le module KVANT 2 puis KRISTALL et entament l’occupation permanente de la station qui va durer près de 10 ans sans interruption.

Mais le monde évolue. L’URSS disparait avec son économie et les programmes spatiaux souffrent.

De leur côté, les américains voient s’envoler le budget de leur projet de station sans cesse reconfiguré. Le rapprochement devient incontournable. Un accord global se met en place pour la future station US qui devient Internationale et la phase 1 de cet accord concerne Mir. Des américains vont y séjourner et des navettes vont la desservir. Dans la foulée, les deux derniers modules de Mir SPEKTR et PRIRODA sont financés et remaniés par les américains et rejoignent Mir en 1995 et 1996.

De fait, Mir devient la première station internationale avec 14 nations accueillies et anecdotiquement plus d’américains à bord que de russes !

 

ISS, le laboratoire volant

La contribution russe dans ISS se concrétise avec le lancement du premier module ZARIA (un TKS amélioré) suivi de ZVEZDA (DOS 8, le jumeau de Mir). L’accord stipule que Mir doit impérativement disparaitre dès qu’ISS est habitable. Et c’est avec émotion que Mir est proprement désorbité en mars 2001, quelques jours après le retour du premier équipage d’ISS.  Depuis novembre 2000, ISS est occupée en permanence par des équipages de 3 à 6 membres et même par des touristes spatiaux.

Desservie par les navettes, ISS va s’assembler tel un LEGO géant et devenir le plus gros engin spatial en orbite de près de 400 tonnes. Se succèdent ainsi UNITY, DESTINY, QUEST, PIRS, HARMONY, POISK, TRANQUILITY, RASSVETT et LEONARDO. Le module russe NAUKA devrait rejoindre ISS en 2015. Outre les modules russes et américains, le Japon et l’Europe disposent de leur propre module KIBO et COLUMBUS et assurent la logistique matérielle de la station avec les cargos ATV et HTV. Depuis la fin de la navette en 2011, les Soyouz assurent seuls la desserte humaine d’ISS en attendant les futures capsules américaine confiées au privé.

ISS a encore de belles années devant elle. Sa fin, programmée en 2016, 2020 est maintenant envisagée pour 2024…

Il est amusant de noter qu’à cette date, le module ZVEZDA (DOS 8), construit entre 1984 et 1985, fêtera son 40ème anniversaire. On est loin des stations jetables des premières années.

 

La Chine s’éveille

Depuis 1992, les ambitions de la chine prennent corps avec le programme Shenzhou. Mais lentement, les Chinois passent à leur tour aux stations orbitales. Modestement, ils lancent leur premier prototype TIANGONG 1 (Palais céleste) en 2011 qui accueille deux équipages pour une dizaine de jours (Shenzhou 9 et 10) en 2012 et 2013.

Au-delà, tout n’est que supposition, mais on sait déjà que TIANGONG 2 devrait rejoindre l’orbite en 2015 pour abriter probablement plusieurs équipages et des durées de vol plus longues. Viendra ensuite la station TIANGONG 3, qui à l’image de Mir, devrait voir s’assembler autour du module central TIAN-HE (2018), deux modules laboratoire WEN-TIAN (2019) et XUN-TIAN (2020), le tout desservit par des cargos TIAN-ZHOU (de type Tiangong 1). Cette station devrait voir les séjours franchir les 6 mois voire l’année avant de devenir permanents.

 

2021

50 ans après la première station orbitale Saliout, il subsiste encore une dualité entre la Chine et le regroupement international concrétisé par ISS. On ne peut que souhaiter que la porte d’ISS, encore aujourd’hui fermée aux Chinois pour des raisons politique, s’ouvre vers une véritable collaboration internationale. A moins que l’ouverture ne vienne de la Chine, qui invite déjà à qui le souhaite, de les rejoindre sur Tiangong.

Les rêves de Tsiolkovsky ou d’Oberth et les croquis Von Braun sont devenus réalité. Certes, les attentes en matière technologique n’ont pas toujours été au rendez-vous, mais ces laboratoires du ciel restent plus qu’utiles dans le domaine de la recherche fondamentale. Mais surtout, elles ont permis aux hommes de différentes cultures d’apprendre à travailler et collaborer ensembles et continuent à nous apporter une autre image de notre planète. N’est-ce pas l’essentiel ?

(1)  L’équipage de Soyouz 11 qui ne portait pas de scaphandres, périt de dépressurisation au moment de la séparation des modules du vaisseau avant la rentrée. 

 

 

DECRYPTAGE du poster

L’ensemble des stations sont dessinés à la même échelle.

Chaque dessin est relié à un segment de couleur qui représente le temps de présence de la station en orbite, sur une échelle de temps régulière.

A chaque station, sont indiqués les temps de séjour des équipages, prolongés vers l’extérieur du graphisme.

Lorsque les stations sont composées de plusieurs modules, le nom de chaque module est indiqué à l’emplacement correspondant sa date d’arrivée.

Cette vision globale permet de distinguer la période de tâtonnement et les échecs des débuts.

La main mise soviétique et la progression du temps passé en orbite apparait clairement de Saliout 6 à MIR. 

La présence de l’Homme en orbite, quasi permanente depuis presque 30 années, avec Mir puis ISS est véritablement impressionnante.

Reste le futur où les Chinois devraient écrire leurs pages d’histoire avant que cette présence de l’Homme soit enfin réalisée en commun.

 

 

 

Conception, illustration et mise en page ©Serge Gracieux / Tezio Corteze – 2014

Offert par Espace et Exploration et l’association Espace Passion

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