Tezio Corteze
Инженер мечты
Mercredi 19 / Jeudi 20 Baïkonour - Toulouse
Dernier petit déjeuner en compagnie de Victor et son assistant. J'en ai appris plus sur l'organisation du spatial en Russie et sur l'histoire qu'en lisant deux encyclopédies. Et de l'intérieur de surcroit.
Petite remarque pertinente de Vincent qui va éviter un incident diplomatique pour les américains qui vont bientôt arriver.
Victor donne l'ordre de remettre le drapeau américain à l'endroit !
Nous prenons les vélos pour aller retrouver l'école de Chelomey où nous arrivons 1/2h plus tard, le temps de travers la ville en diagonale.
On nous conduit dans une salle de classe où trois personnes examinent des maquettes de matière très officielle avec pieds à coulisse pour vérifier les mesures et des photos pour les détails et couleurs. Tout cela est noté sur des feuilles officielles (en russe et anglais).
L'un d'entre eux nous confie une tablette tactile pour visualiser les photos des concours des deux années précédents.
Un tout petit Kazakh semble intéressé et finit sur mes genoux pour regarder les photos.
Nous prenons congé une heure plus tard pour saluer une dernière fois voir notre ami Vladimir Ilitch.
Lorsque j'ai fait remarquer à quelqu’un que je m'étonnais
de la présence de cette statue de Lénine ici, alors qu'elles
ont presque disparues en Russie, il m'avait répondu :
''C'est qu'ici, ils en avaient besoin.
Vous avez vu son bras levé.
Il indique 11h au Soleil – l'heure de l'apéro.'' :)
Nous remontons la rue piétonne, Vincent repart vers l'hôtel et moi je fais un détour vers le marché pour un dernier petit achat et troc. J'ai repéré deux vieux pins que je troque contre la dernière médaille de la Cité de l'espace que j’avais acheté pour donner en cadeau. J'aime bien le troc, mais surtout, imaginer qu'un technicien français en campagne de tir à Baïkonour, tombe sur cette pièce, m'amuse un peu.
Retour à l'hôtel, valise et repas avant d'être récupéré par la voiture, direction l'aérogare.
Son statut à changé avec l'inauguration du nouveau bâtiment, c'est devenu au aéroport alors qu'à notre arrivée, ce n'était qu'un aérodrome.
Tout est flambant neuf, mais pour l'instant, nous faisons les formalités à l'entrée 1, et embarquerons plus tard à la porte n°1...Quelques tracasseries Kazakh que notre hôte n'apprécie pas du tout.
L'avion est forcément plein (retour de campagne) et contre toute attente, mon bagage cabine devra partir en soute – sans serrure, avec tous mes petits trucs précieux. Je récupère dans l'urgence mon note book et l'appareil photo et à Dieu va.
J'acquitte 500 roubles pour dépassement de 3 kg (les livres, les livres et peut-être les terres des pas de tir que j'ai récupéré).
Avion chargé, mais vol de 3h30 parfait.
La direction que prend l'avion ne nous permettra pas de voir les installations de lancement, mais bon, il ne faut ne pas pousser ! Nous retrouvons les nuages car cela fait plus d'une semaine qu'on les compte sur les doigts de la main. Contrairement à l'habitude, le pilote nous fait un Kiss landing que l'on ne sent pas du tout; Applaudissements !
Récupération des valises et deux minibus nous attendent pour les équipes de Starsem et Arianespace.
Nous embrassons Victor tous les deux, il nous a gâté.
Direction l'Hôtel Mercure de l'autre coté de Moscou à 6h du soir ! C'est une autre histoire qu'à l'aller. Tôt le matin, nous avons mis une heure sur une rocade autoroute où visiblement les russes n'ont aucune idée des limitations de vitesse. Ce fut impressionnant. Mais là, comprimés comme des sardines avec les sacs sur les genoux, nous arrivons à l'hôtel 2h ½ plus tard, pour refaire la queue pour récupérer les chambres ! La douche fut bonne !!!!
Après, c'est du déjà vu, mais à l'envers. J'augmente encore la surcharge à Moscou, liquide transparent oblige...valise déchirée mais Air-France prend en charge la réparation.
Grosse différence par rapport à ce que j'aurais pu imaginer et les idées reçues, même en changeant de chemise à Moscou, j'aurais fait le voyage en chemise. Baïkonour – Moscou, Moscou – Paris, Paris – Bordeaux – Toulouse.
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Il est grand temps de commencer à remercier ceux sans qui ce magnifique voyage n'aurait pu avoir lieu.
Tout d'abord TsENKI en charge de la majorité des infrastructures de Baïkonour et qui soutient ardemment le Musée Cosmique du cosmodrome de Baïkonour. TsENKI nous a ouvert les portes de Baïkonour et nous a mis à disposition une accompagnatrice afin de faciliter toutes les procédures :
Bien évidement Starsem qui nous a apporté toute sa logistique d'une redoutable précision, à tel point que nous avons presque l'impression d'être ''à la maison'' :
Sans oublier la conservatrice du Musée Cosmique du cosmodrome de Baïkonour, qui nous a fait la surprise de dépêcher deux guides pour les deux visites guidées de très grande qualité dans les hauts lieux historiques de la cosmonautique,
Et bien sûr Victor Nikolaïev, Directeur Général Délégué de Starsem, qui a su provoquer tout ça à la suite à une simple discussion amicale à Toulouse, à l'occasion des 50 ans du vol de Gagarine. Jamais je n'aurais imaginé qu'en demandant un service à ce jeune russe, sous la station MIR au Bourget en 1989, nous nous retrouverions à passer 10 jours à Baïkonour ensemble 23 ans plus tard.
Il faut peut-être également remercier le destin, un Vincent qui a réalisé sans doute la maquette la plus précise du module lunaire américain et un Serge qui lui a emboité le pas en créant la plus fidèle maquette du LK soviétique à la même échelle. Nous connaissant et habitant tous les deux Toulouse, les échanges sur le projet d’exposer les deux maquettes dans un même musée ont portés leurs fruits.
Avec cette mission, nous avons fait un joli coup de maitre.
Nos maquettes sont dans l'un des plus beaux et plus symbolique musée spatial de la planète et sont sous les yeux de ceux qui partent là haut.
Nous avons vécus et appréciés ces lieux que nous connaissions déjà mais sans le ressenti de l’histoire qui est présent partout, jusque dans les moindres détails.
Même si celà est improbable, je me suis promis d'y retourner.
Comme dit notre ami Victor: ''Je ne promets rien, mais je fais''.