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Des Articles

 

Dans le numéro qui suivi le spécial Apollo 11, l’article traitait de toute la petite histoire autour du drapeau d’Apollo 11, où je racontais pourquoi le Stars and stripes fut planté sur la Lune, comment il fut sélectionné et logé contre l’échelle du LM avant d’évoquer les 5 autres et leur potentiel état après 40 ans sous le Soleil de la Lune.

J’en profitais pour mettre un détail qui m’avait étonné sur les images d’Apollo 11 parues dans Paris Match : le regard d’Aldrin sur les deux photos devant le drapeau. La première regardant le drapeau, la seconde Armstrong, semblant lui dire : ‘’c’est bon, tu l’as prise ?’’.

Mais surtout, je posais la question de savoir si le drapeau d’Apollo 11 était bien le premier drapeau américain sur la Lune sinon, je n’aurais pas posé la question. J’avais lu une brève dans un journal au moment d’Apollo 11 mais surtout, je me rappelais que Jacques Tiziou, journaliste pigiste multiple du temps d’Apollo m’en avait parlé. Je menais mon enquête et pu raconter l’anecdote.

Chez Hugues, chargé de construire les Surveyor, Sheldon Shallon était en charge du programme d’étude scientifique du terrain lunaire. «Sous contrat de la NASA, les plaisanteries n’étaient pas de mise, mais Sheldon Shallon en avait plus qu’assez de voir les sondes soviétiques partir chargées d’emblèmes et de médailles aux couleurs de l’URSS. Il décida de passer à l’action… Il acheta pour 50 cents un petit drapeau américain au drugstore du coin et attendit l’instant où, seul avec la sonde, il put glisser secrètement le drapeau dans l’un des tubes de la structure…».

Quatre mois après Luna 9, Surveyor 1 se posa en douceur à 13 km du point prévu, près du cratère Flamsteed. Avec son drapeau !

Je n’osai pas aller plus loin et évita de mettre l’illustration que j’avais préparé, montrant Conrad et Bean découpant tous les tubes de Surveyor 3 pour chercher un des drapeaux de Sheldon Shallon !

 

 

 

 

Le premier drapeau américain sur la Lune 

Espace et Magazine n°8 – Sep/Oct 2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Découvrez l’histoire mouvementée du premier «stars and stripes» sur la Lune.

Un drapeau qui, au bout du compte, n’est peut-être pas celui qu’on croit !

 

 

 

Tous ceux qui ont vécu l’historique nuit de juillet 1969 (voir le numéro précédent, spécial Apollo 11) se souviennent d’Armstrong et Aldrin installant puis saluant le drapeau américain avant de dialoguer avec le Président Nixon, au grand dam des spécialistes qui trépignaient d’impatience de les voir poursuivre la collecte d’échantillons.

La présence de ce drapeau sur la Lune avait suscité auparavant beaucoup d’agitation.

 

Traité de l’espace

Deux ans plus tôt – le 25 février 1967 – les Nations Unies adoptaient un traité précisant les grandes règles de l’exploration et de l’utilisation de l’espace et des corps célestes comme la Lune. L’article 2 signifiait ainsi qu’aucune revendication de souveraineté nationale ne serait possible par quelque nation. Signataires du traité, les États-Unis, ne pourraient donc pas «annexer» la Lune.

Quand il devint clair que le programme Apollo se déroulait correctement et que la mission 11 allait être celle où les premiers hommes fouleraient le sol lunaire, Thomas Paine – l’administrateur de la Nasa - nomma le 25 février 1969 une commission chargée de définir les activités symboliques du premier alunissage. Cette commission balaya les bruits qui courraient déjà à la NASA affirmant que le drapeau des Nations Unies serait déployé sur la Lune. Elle préconisa de planter le drapeau des États-Unis pendant l’unique sortie sélène. Pour éviter toute confusion entre exploration et conquête, cette commission recommanda également la fameuse plaque commémorative placée sur le pied supportant l’échelle de descente du module lunaire et qui précisait : «Nous sommes venus en paix au nom de toute l’humanité».

Finalement, d’autres drapeaux comme ceux des 50 états américains, du District de Columbia (celui de Washington, la capitale fédérale), des états membres des Nations Unies et de quelques autres pays prirent place dans le module lunaire pour être offerts au retour de la mission. Il semblerait toutefois qu’un exemplaire de la charte des Nations Unies ait été laissé sur notre satellite naturel par l’équipage d’Apollo 11.

 

Trois mois pour un drapeau

Robert Gilruth, directeur du Manned Spacecraft Center à Houston, désigna le chef du service technique, Jack Kinzler, pour mener à bien cette mission en trois mois. Ce dernier suggéra d’utiliser un drapeau de taille habituelle (5 x 3 pieds, soit 152 x 91 cm) en provenance directe du catalogue des fournitures gouvernementales et il dessina un premier croquis qui figea le projet.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quelques problèmes restaient toutefois à résoudre. L’absence de vent sur la Lune devait être compensée par la mise en place d’une barre horizontale articulée sur le mat. Celle-ci permettrait au drapeau de conserver toute sa dignité. Les contraintes de masse et de volume imposèrent de concevoir un mat en aluminium (1 pouce de diamètre, soit 2,5 cm) en deux parties coulissant l’une dans l’autre. La première, longue de près d’un mètre, était destinée à être planté dans le sol à l’aide du marteau géologique. Un cerclage rouge peint donnait un point limite d’enfoncement. La seconde partie, constituée du reste du mat avec la barre horizontale articulée, supportait le drapeau où des ourlets avaient été judicieusement répartis. L’ensemble des pièces métalliques était renforcé par une couche anodisée qui donna au mat sa couleur dorée.

 

Le module lunaire (Lunar Module - LM) étant déjà largement chargé et les places disponibles limitées, Il fut décidé de placer drapeau et mat le long de l’échelle de descente, sur le coté gauche, dans un petit conteneur facilement accessible.

Toutefois, cette zone allait être soumise à des contraintes thermiques importantes. Outre les écarts thermiques habituels dans l’espace, le bas de l’échelle serait touché par les gaz chauds (121°C) des moteurs lors de la descente. Mais pendant les 13 dernières secondes, ces gaz chauds atteindraient près de 1.093°C ! Aussi, un conteneur, composé d’un sandwich d’acier inoxydable, d’isolant et d’aluminium, limita la température intérieure à 82°C… pour un drapeau capable de supporter 149°C.

Le coût de cette opération drapeau s’avéra relativement modeste : 5,50 dollars pour le drapeau, 75 pour le mat et une estimation de quelques centaines de dollars pour le conteneur. La réalisation du prototype ne demanda que quelques jours. Les procédures d’emballage comme celle du déploiement sur la Lune furent également rapidement figées par une équipe qui ne dépassa pas l’effectif de 5 personnes.

L’emballage définitif du drapeau d’Apollo 11 eut lieu dans le bureau de Jack Kinzler, assisté de l’ingénieur qualité. Une certaine fébrilité régnait dans ce bureau car la décision finale de ne placer que le drapeau américain et la plaque commémorative lors de la mission 11 avait été prise peu de temps avant le lancement. On affréta carrément un avion Lear Jet pour transporter les deux précieux objets.

Jack Kinzler était du voyage, assisté de George Low, directeur du programme Apollo, et de son secrétaire. La plaque et le drapeau furent installés sur le LM, le 1er mai 1969 à 4 heures du matin, peu avant que l’ensemble du vaisseau ne soit hissé et assemblé sur la  fusée Saturn 5. Soit seulement à peine 2 mois et 2 semaines avant le lancement. Un délai réellement «limite» pour un ajout de matériel sur une mission de cet ordre.

 

Stars and stripes on the Moon

4 jours, 14 heures et 9 minutes après le décollage de la Saturn 5 d’Apollo 11, Neil et Buzz déployèrent le drapeau sous le violent Soleil de la Base de la Tranquillité. Les deux hommes eurent quelques soucis pour enfoncer la partie inférieure du mat dans le sol, tant la sous-couche était résistante (enfoncement de 15 à 20 cm). Cette levée de drapeau ne leur prit que 10 minutes sur les 2 h 30 de sortie en scaphandre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il y eut bien quelques protestations regrettant la présence de ce drapeau à la place de celui des Nations Unies. En réaction, le député Richard L. Roudebush proposa alors un amendement pour que le drapeau américain soit bien le seul déployé au cours des explorations lunaires à venir. Le 4 novembre 1969, la Chambre et le Sénat américains entérinaient cette décision pour les futures missions Apollo précisant «que les fonds ayant permis de réaliser cette mission provenait du gouvernement des États-Unis et que cet acte devait être perçu comme une geste de fierté nationale et non comme une revendication de souveraineté».

Après Apollo 11, le drapeau et son matériel d’accompagnement (mat, conteneur…) restèrent inchangés, à l’exception d’une modification suite à un imprévu lors d’Apollo 12. En effet, devant l’impossibilité d’enclencher la barre horizontale, Conrad et Bean ne parvinrent pas à parfaitement déployer le drapeau américain qui resta figé le long de la hampe. Une amélioration du mécanisme empêcha cette mésaventure pour la suite du programme.

Les missions Apollo suivantes transportèrent de plus en plus de matériel scientifique et de moyens comme la Jeep Lunaire. La cérémonie du drapeau demeura, apportant à chaque mission un instant de recul et de recueillement.

En tout, 6 drapeaux furent déployés à la surface de la Lune (Apollo 11, 12, 14, 15, 16 & 17).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Placé à une quinzaine de mètres du LM, le drapeau d’Apollo 11 fut probablement balayé par la poussée du moteur de l’étage de remontée. À plusieurs reprises, Buzz Aldrin déclara l’avoir vu tomber. La même mésaventure arriva très probablement à celui d’Apollo 12. Le drapeau d’Apollo 13 termina sa carrière dans les couches hautes de l’atmosphère avec le LM qui sauva la vie de l’équipage en servant d’habitat de secours. Pour Apollo 14, le film du décollage ne laisse aucun doute : le drapeau chute au sol.

Les trois derniers, plantés un peu plus loin du LM, ont probablement pu rester debout, face au soleil depuis maintenant plus de 30 ans. Toutefois, le «stars and stripes» d’Apollo 17 se distingue par une anecdote.

Afin de rendre hommage au centre de contrôle des vols Apollo qui avait materné les astronautes et les vaisseaux depuis le début du programme, le géologue-astronaute Harrison Schmitt eut l’idée de déployer sur la Lune le drapeau qui ornait la salle de contrôle depuis des années. Depuis le sol de la Lune, pendant le déploiement, il déclara qu’un autre drapeau identique les accompagnait dans le LM et qu’avec Gene Cernan ils allaient le ramener sur Terre pour le remettre au centre de contrôle.

Depuis, si vous passez par Houston, visitez cette salle devenue musée où vous pourrez probablement voir ce drapeau unique au monde.

 

Apollo 11 : le premier drapeau ?

Le titre de cet article porte sur le premier drapeau américain sur la Lune. Il est peut-être temps d’envisager que le fier «stars and stripes» d’Apollo 11 ne soit pas le premier drapeau américain en tissu sur la Lune, car il semble qu’un ingénieur ait joué un bon tour à la NASA.

Trois ans avant que le LM Eagle d’Apollo 11 ne se pose dans la Mer de la Tranquillité, on ne savait pas encore grand chose sur le sol de la Lune. Après les sondes soviétiques Luna et les premiers Ranger américains qui avaient transmis quelques photos avant de percuter le sol sélène, la NASA lança le programme Surveyor avec pour objectif de se poser sur la Lune. Coiffant une nouvelle fois au poteau les Américains, le 3 février 1966, Luna 9 se posait à 100 km du centre du cratère Clavius et transmettait le premier panorama d’un autre monde.

Chez Hugues, chargé de construire les Surveyor, Sheldon Shallon était en charge du programme d’étude scientifique du terrain lunaire. Jacques Tiziou, journaliste scientifique installé aux États-Unis depuis le début du programme spatial révéla cette anecdote dans son livre à l’assaut de la Lune, (éditions Stock – 1970). En voici un extrait.

«Sous contrat de la NASA, les plaisanteries n’étaient pas de mise, mais Sheldon Shallon en avait plus qu’assez de voir les sondes soviétiques partir chargées d’emblèmes et de médailles aux couleurs de l’URSS. Il décida de passer à l’action… Il acheta pour 50 cents un petit drapeau américain au drugstore du coin et attendit l’instant où, seul avec la sonde, il put glisser secrètement le drapeau dans l’un des tubes de la structure…».

Quatre mois après Luna 9, Surveyor 1 se posa en douceur à 13 km du point prévu, près du cratère Flamsteed. Avec son drapeau !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’histoire ne dit pas si ce geste resta unique ou si les Surveyor suivants arrivèrent avec d’autres drapeaux sur la Lune. On se prend à rêver si, lors d’Apollo 12, Conrad et Bean, découpant les tubes de Surveyor 3 pour en récupérer la caméra, avaient découvert l’un des drapeaux de Sheldon Shallon !

 

Le visage d’Aldrin

Nous connaissons tous l’image d’Aldrin saluant le drapeau, prise par Armstrong lors du moment solennel.

En réalité, deux images furent prises. La première (référence NASA as11-40-5874) où on distingue à l’avant du casque les doigts de la main droite d’Aldrin saluant et regardant le drapeau.

Sur la seconde, quelques secondes plus tard (as11-40-5875), Aldrin a retourné sa tête vers Armstrong comme pour lui demander s’il avait bien effectué le cliché.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sources :

Were No Flag Gone Before par Anne Platoff (Lyndon Johnson Space Center)

À l’assaut de la Lune par Jacques Tiziou (Stock, 1970)

 

Serge Gracieux - Octobre 2004

 

 

 

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